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Comment composer une dissertation

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Comment procéder ?

Le sujet

L'auteur de la dissertation ne suppose jamais un sujet connu, mais il le présente en d'autres mots que le titre. Le sujet est donc reformulé en une ou plusieurs propositions à considérer comme autant d'affirmations à vérifier. Veillez à extraire du sujet toutes les informations qui s'y trouvent y compris les présupposés et les sous-entendus éventuels. Discuter le sujet signifie que vous devez non pas nécessairement trouver des idées neuves mais essentiellement expliquer (par la paraphrase) et confirmer / infirmer (par l'argumentation) celles qui sont données. A cet effet, la démonstration indique le pour et le contre de chaque affirmation contenue dans le sujet. Votre tâche consiste donc à apporter des arguments qui confirment le sujet (thèse), à réfuter les contre-arguments réels ou supposés de la partie adverse (antithèse) et à produire les exemples qui l'illustreront.

Trois erreurs surtout sont à éviter : passer "à côté" du sujet (digression), mal interpréter le sujet (contresens) ou n'en traiter qu'une partie (omission).

L'argumentation

Assurez la solidité de votre argumentation. Dépassez les clichés, observations très générales et donc banales. Appuyez-vous sur des faits : "données du réel, extérieurs à la pensée, ils appartiennent au monde du perceptible et du sensible. Leur existence ne porte pas à discussion. [...] Le jugement est une lecture-interprétation des faits, à la différence des opinions, sentiments, impressions, il s'appuie sur des faits. En énonçant une idée, on doit normalement la mettre en rapport avec les faits qui ont permis de la concevoir. S'il s'agit d'un jugement, on est en outre tenu de préciser par quel biais on y est arrivé. Cette démarche permet d'assumer pratiquement la responsabilité de ses idées et de les énoncer en son nom personnel."(F.Mikolajczak).

Les exemples

Les exemples, indispensables, seront empruntés aux observations personnelles. En outre, les connaissances acquises dans les cours d'histoire, de sciences, dans les lectures, les films ou les pièces de théâtre, dans les articles scientifiques, les voyages, peuvent en fournir d'excellents. Ce qui importe, c'est de bien choisir ce qui renforce votre argumentation. Si joli, soit-il, mieux vaut abandonner l'exemple qui ne confirme pas la thèse défendue. L'exemple, d'ailleurs, n'est pas une preuve et une dissertation qui ne contiendrait que des exemples n'aurait pas grande valeur. C'est le raisonnement qui doit rester la pièce maîtresse de l'argumentation, mais pour lui donner toute sa force, il faut montrer que les faits confirment la pensée abstraite.

Les citations

"On peut faire sienne la pensée d'autrui - en reconnaissant explicitement la dette contractée -, mais non pas la mettre à la place de la sienne" (F.Mikolajczak). Les citations dont certains font provision en vue de les placer à tout prix, doivent plutôt servir à confirmer une preuve. Elles ont les avantages et les inconvénients de l'argument d'autorité. Encore faut-il que l'emprunt s'insère parfaitement dans la ligne de votre raisonnement. Les correcteurs sont attentifs davantage à l'expression de la pensée de l'étudiant qu'aux citations des personnages célèbres. N'oubliez pas de les placer entre guillemets sauf dans le cas où vous n'êtes pas sûr de la fidélité au texte original; il faut à ce moment, annoncer par une formule que la citation est approximative.

La structure du texte (macrostructure)

Un plan de développement, indispensable à toute communication, l'est encore davantage dans la dissertation. La clarté, qualité première de cet exercice, dépend beaucoup, en effet, d'un plan cohérent et équilibré. La dissertation se présente habituellement sous une forme fixe : dans l'introduction, juste après un paragraphe d'accrochage, l'explication du sujet (ou délimitation) reformule le sujet et annonce les différentes divisions de la proposition qui seront traitées dans les paragraphes du corps (ou développement), le texte se termine par une conclusion.

A l'intérieur des différents paragraphes du corps disposez les thèmes (idées + arguments + contre-arguments + exemples) par ordre croissant de force persuasive.

P. Désalmand et P. Tort proposent six modèles de développements :

En général on suit l'ordre selon lequel les thèmes apparaissent dans le sujet.

Chaque paragraphe, chaque argument est avancé comme une pièce de jeu d'échec pour progressivement ôter toute résistance, toute réticence au destinataire, conduit finalement à donner son assentiment.

Évitez les différences de volume trop importantes entre les différents paragraphes.

La structure du paragraphe

Structurez chaque paragraphe à l'intérieur duquel l'idée centrale, les exemples et les arguments sont disposés de manière réfléchie et souvent semblable dans un même texte. Voici le schéma-type d'un paragraphe dans un texte argumenté :

  1. articulation au paragraphe précédent;
  2. énoncé clair de la thèse à défendre (affirmation partielle provisoire);
  3. explication du sens de cette proposition;
  4. preuve;
  5. illustration par un exemple;
  6. conclusion du paragraphe (affirmation partielle définitive) et (éventuellement) annonce du suivant.

Cliquez pour en savoir plus sur ce schéma ?

L'énonciation

Assurez à votre dissertation une (apparence d') impartialité en adoptant le mode de l'énonciation discursive.

"[...] la subjectivité du scripteur ne sera pas mise au premier plan de l'ensemble du texte, et de la même manière, il ne sera pas fait appel explicitement à la complicité du lecteur. C'est le propos, l'exposé des idées qui occupera le devant de la scène." (F.Mikolajczak).

L'écriture en "JE", en théorie tout à fait acceptable, risque d'apporter une touche de subjectivité déconseillée dans ce type d'exercice. Préférez-lui l'écriture en "IL" ou, à la rigueur, en "NOUS".

Le niveau de langue (style)

Adressée à un destinataire exigeant, la dissertation permet une haute condensation des informations; les constructions variées et concises (appositions, nominalisations...) y trouvent leur place pourvu que la clarté de la phrase n'en soit pas affectée. La précision du vocabulaire, notamment, y est attendue, de même qu'un niveau de langue soigné. Aussi, proscrivez les mots et les tournures familières, populaires, argotiques (ça, bouquin, boulot). Il en va de même pour l'usage trop fréquent du "ON".

Voici quelques "trucs" pour rendre le langage de votre dissertation plus condensé:

  • remplacez les verbes "fourre-tout" : être, avoir, faire... par des verbes précis adaptés au contexte.
  • évitez les tournures comprenant il y a.
  • modifiez la structure de vos phrases pour faire disparaître que, qui.
  • celui-ci, celle-là sont souvent évitables, ils traduisent une obscurité du texte.
  • évitez l'emploi des participes présents.
  • modifiez les constructions de phrases pour éviter l'accumulation de la structure canonique: Sujet / Verbe / Complément.
  • Nominalisez les verbes.

Appliquez toutefois ces principes avec discernement, sinon vous écrirez un texte confus, illisible.

Le titre

La dissertation est un des rares genres de texte à ne pas demander un titre original et accrocheur. La tradition est de recopier la phrase proposée à la discussion, éventuellement suivie du nom de son auteur et de la mention Dissertation en sous-titre.

On peut insérer quelques intertitres mais pas trop, ce n'est pas un article de journal.

Comment procéder ?

 Qu'est-ce qu'une dissertation ?

Recommandations générales

Mémento
  • analyser, comprendre et délimiter le sujet

  • rechercher des faits et des idées

  • structurer le fruit de cette recherche en une synthèse détaillée, élaborer un plan de progression

  • rédiger un texte cohérent dans un langage clair, correct, de niveau soutenu.

 

 

Organisez votre travail en quatre étapes :

1. Comprendre le sujet

2. Rechercher les faits et les idées.

3. Composer (introduire et conclure)

4. Rédiger 

 

1. Comprendre le sujet

Cela semble aller de soi et pourtant c'est ici que bien des échecs trouvent leur origine. Chaque mot doit être pesé, vérifié au dictionnaire. Les sens propres, les sens figurés et même les expressions dans lesquelles il peut recevoir une acception différente, tout cela doit être soigneusement clarifié afin de permettre un développement correct.

Rédigez maintenant l' explication.qui propose une reformulation amplifiée du sujet.

2. Rechercher les faits et les idées : invention.

Lorsque la proposition est clairement comprise dans ses multiples implications, il faut vous donner un temps de réflexion. Sur une grande feuille de papier notez en un classement sommaire et évolutif : faits, idées, exemples, arguments, formulations, tels qu'ils viennent à l'esprit, sans vous soucier encore de la rédaction.

Il est utile aussi de discuter avec l'une ou l'autre personne, de consulter des ouvrages sur le sujet ou, si ce n'est pas possible, d'imaginer un débat entre adversaires et partisans de chaque idée.

Partez du concret (souvenirs personnels, observations, lectures) pour atteindre les idées, l'abstrait.

Prenez en considération le contexte dans lequel s'insère le travail demandé (actualité, type d'orientation scolaire, matière vue à ce moment...)

Après avoir soigneusement réfléchi, déterminez la position que vous adopterez en finale. Les sujets de dissertation donnent rarement lieu à des réponses tranchées et définitives. Ce qui vous est demandé, c'est de proposer "des décisions, des choix raisonnés de la part de celui qui l'[la dissertation] entreprend, ces choix n'étant pas exclusifs d'autres mais posés à un moment donné, au terme d'une démarche limitée dans le temps et dans l'espace." (F.Mikolajczak)

3. Composer.

Construisez un plan "à tiroirs". Formulez en des phrases courtes mais complètes les points principaux que vous avez dégagés et, en léger retrait, les points secondaires qui s'y rattachent. En fonction de la position que vous prenez face au sujet, conduisez votre lecteur à la conclusion en disposant les arguments progressivement, un par paragraphe. Restez attentif à votre lecteur et à son confort, sans cela votre texte sera inefficace.

Commencez à rédiger le corps de la dissertation en veillant à donner un volume sensiblement égal aux différentes divisions du sujet. Évitez les digressions et le piétinement. Vous créez une digression lorsque vous quittez le sujet, lorsque, pour articuler le texte, vous avez besoin de termes tels que : pour en revenir au sujet..., revenons à nos moutons... Votre texte piétine, "tourne en rond", lorsque vous n'introduisez pas d'information nouvelle. Si c'est le cas vous devez approfondir l' invention.

Lorsque l'ensemble est rédigé, que les différentes parties du texte sont équilibrées et articulées, le moment est venu d'introduire et de conclure.

Introduire.

Avant d'en venir au vif du sujet, le "corps", et pour donner au lecteur le désir de venir à votre rencontre, un accrochage établit le contact. Cela demande un ou deux paragraphes (± 10% de l'ensemble).

D'une manière générale, trois consignes sont à respecter :

Il est souvent plus aisé de composer l'introduction lorsque le corps du texte est composé. A ce moment, le ton et les idées sont trouvées.

Une introduction, pourquoi ?

"Mettez les plus belles fraises sur le dessus du panier." (F. Giroud)

Rédigée dans un style clair et accrocheur , elle répondra à trois objectifs :

Intéresser : il s'agit de valoriser votre sujet en soulignant son importance, sa dimension, son actualité. Il faut piquer la curiosité du lecteur, le motiver en lui montrant l'importance de la question pour lui-même, éventuellement par des chiffres, ce que G. Niquet appelle le stimulus, sans pour autant (donner l'impression de) vouloir le convaincre. L'humour, l'imprévu, le paradoxe contribuent quelquefois à capter l'attention du destinataire qui a probablement d'autres priorités que les vôtres!

Annoncer : c'est-à-dire préciser le cadre de l'exposé mais toujours de façon concise. Limitez le sujet, s'il est vaste, à un point de vue.

Baliser : signalez les différentes parties du texte (tâche à répéter dans le fil du texte s'il est long).

L'introduction capte l'attention du lecteur et lui montre l'importance, pour lui, de la question qui va être traitée. Si vous affirmez dès le début que la question n'est pas résolue ou que vous allez prendre une option précise, vous risquez d'ôter tout intérêt à la lecture ou de donner un aspect partial à l'argumentation. Mieux vaut entretenir le suspens. Les formules "Nous allons d'abord examiner..., ensuite nous verrons, enfin nous aborderons,..." rendent le sujet fort prévisible, elles vous aideront pourtant dans vos premières dissertations.

Voici quelques procédés couramment utilisés pour commencer une dissertation :

  • Introduction-circonstances : Description ou narration d'une scène de la vie quotidienne, référence à un événement de l'actualité : fait divers, publication d'un livre, sortie d'un film, fait politique,... Partez des questions : Où ? Quand ? Depuis quand ? Comment ? Qui ? Quoi? Pourquoi ? Dans quel but ? Bien sûr vous ne répondez pas à toutes et vous vous limitez à quelques phrases.
  • Introduction-portrait : Choisissez un personnage, un animal, un objet qui va figurer dans le développement du texte. Brossez-en un rapide portrait, une courte description d'un état immobile ou d'un sujet en mouvement. Isolez d'abord un détail (gros plan) ou commencez par une vision globale (plan d'ensemble).
  • Introduction-dialogue : Ce type d'introduction place d'emblée le lecteur au centre de l'action. On reproduit en discours direct des paroles ou une conversation BRÈVE (éviter les banalités du genre :" Bonjour, comment allez-vous ? "). Ce dialogue peut se réduire à une seule phrase extraite d'un dialogue ou prendre la forme d'un monologue intérieur.
  • Idée personnelle : Proposez une hypothèse que le texte cherchera à vérifier.
  • Citation d'auteur ou affirmation générale : Commencer par une idée communément admise, une citation, qu'illustrera le texte peut lui donner plus de poids.
  • Interpellation directe du lecteur : Lancez d'emblée une affirmation osée, choquante, une question insolite. Vous serez efficace pour autant que la question soit en rapport avec le contenu de votre texte et que les convenances et le bon goût ne soient pas blessés.

Conclure

Cette dernière partie doit emporter l'adhésion du lecteur, sa rédaction mérite donc un soin tout particulier.

"L'intervention finale doit être en harmonie avec le reste du texte : il faut que le lecteur soit en quelque sorte obligé par votre texte d'opérer la même conclusion que vous. Une conclusion qui ne découle pas logiquement du reste du texte, ou qui n'a pas été préparée par une démonstration rigoureuse, non seulement est sanctionnée comme une "mauvaise" conclusion parce que le lecteur ne vous rejoint pas, mais encore atteint la valeur du reste de votre texte: vous démontrez vous-même par votre conclusion que le texte antérieur est insuffisant, puisque non susceptible d'amener celui-même qui l'écrit à le conclure convenablement.

"Lorsque vous avez rédigé votre conclusion, relisez donc l'ensemble de votre texte, afin de vérifier que chacun des éléments de cette conclusion peut effectivement être déduit des éléments de votre récit ou de votre description, et n'est pas contradictoire avec les détails choisis, le vocabulaire employé ou les arguments exposés plus haut."

Leeman, Astruc & Sumpf, 1975

Voici quelques modèles typiques. Ils peuvent, bien sûr, être combinés.

  • Conclusion-synthèse : En quelques lignes vous reprenez l'essentiel d'un développement. Dans cette formule, qui doit être un modèle de concision, il faut éviter d'introduire un nouvel élément qui serait forcément traité de manière superficielle. Vous pouvez toutefois terminer par une question ou achever le dialogue introductif.
  • Conclusion-relance : Le texte se termine et l'auteur, par une question, par une action inattendue, relance une hypothèse, une éventualité qu'il ne dénoue pas. Bref, l'inverse du conte de fées : rien n'est fait et le lecteur doit imaginer la suite de l'histoire. C'est un peu frustrant mais cela alimente la conversation et offre l'avantage de ne laisser personne indifférent.
  • Conclusion-élargissement : Variante de la précédente, ce procédé clôture le texte en le rattachant à une autre œuvre, un thème, une problématique, plus vastes que lui.
  • Conclusion-citation : Le texte, ici, se termine par une citation, un proverbe en rapport avec le sens de l'exposé. C'est un procédé facile, parfois trop ! La citation doit s'appliquer à la situation décrite ou à l'événement raconté mais elle ne doit pas être en contresens avec le texte de l'auteur cité. N'oubliez pas de nommer l'auteur et d'insérer l'emprunt dans un paragraphe qui en établit le lien avec l'ensemble du texte.
  • Conclusion-description : Elle décrit une scène, une personne, un objet, déjà évoqué dans l'introduction ou non.
  • Conclusion-restriction : Elle diminue la portée de l'affirmation ou de l'événement qui a constitué le point de départ du texte.

La conclusion (±10% de l'ensemble), n'est pas centrée sur un point de détail, c'est sur l'ensemble du sujet qu'elle porte, ou, en tout cas, sur le point essentiel dégagé.

"Les formules normatives "On doit, il faut" créent un effet de rupture dans une démarche qui est avant tout analytique et explicative."(F. Mikolajczak).

Évitez aussi, c'est une faute grave, d'insérer dans la conclusion de nouveaux arguments (ils doivent, le cas échéant, être replacés dans le développement). Mais rien ne vous empêche de terminer par une relance ou un élargissement.

4. Rédiger

Il vous reste maintenant à relire le texte en éliminant les maladresses de style et en veillant à une bonne lisibilité (correction de la langue, écriture, mise en page aérée). Ce travail sur le langage permet d' "aboutir à une expression claire, précise et efficace dans un texte bien articulé. Enfin sa présentation doit être soignée et ne pas faire obstacle à la communication." (F.Mikolajczak)

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Dernière mise à jour : 16.08.2007