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Produire un texte

Comment produire un texte ?

 Voici les différentes étapes par où passe celui qui produit un texte oral ou écrit.

1) Prendre en compte la situation de communication:

+ l'usage auquel le texte est destiné;
+ le rapport entre l'auteur et le destinataire;
+ le support du texte;
+ l'intention que le texte doit réaliser.

2) Définir ( = délimiter et détailler) avec précision le référent du texte.
Élaborer des significations consistantes.

3) Organiser le texte en référence à des modèles généraux (genres et types).

4) Assurer la cohérence du texte.

5) Exploiter les ressources lexicales, morphologiques et syntaxiques.

6) Maîtriser les conventions phoniques (texte oral) ou graphiques (texte écrit).

7) Intégrer la dimension non verbale pour construire du sens.

Ces savoir-faire sont ici traités successivement, comment faire autrement ? Mais dans la réalité ils doivent être mis en oeuvre, ensemble, durant toute la fabrication du texte.

1. Prendre en compte la situation de communication.

1.1. L'adaptation à l'usage

Tout texte est proposé à un destinataire, il en reçoit ou non l'approbation, il est lu complètement ou rejeté. Dans certains cas, le rejet du texte n'entraîne guère de conséquences graves pour l'auteur déçu. Il est d'autres occasions où l'échec du texte peut peser lourd. C'est le cas en milieu scolaire notamment où les textes d'élèves donnent lieu à une évaluation. Si cette évaluation est négative cela se répercute parfois de façon très sévère sur l'avenir des adolescents.

1.2. Le rapport auteur-destinataire (énonciation)

L'énonciation est l'acte par lequel un énoncé est produit. Pour que cet acte ait lieu, il faut un émetteur (destinateur), un récepteur (destinataire), des circonstances (de temps et de lieu notamment) qui rendent possible le contact entre ces deux agents et, bien sûr, un langage commun. (J.-L. Dumortier)

Chaque texte s'inscrit dans une énonciation particulière "historique" ou "discursive". Pour certains types de textes les manières de concrétiser cette relation sont fixées par l'usage,. Dans les autres cas, l'important est que l'auteur se soit posé les questions que nous proposons ci-dessous, y réponde adéquatement et garde cette réponse en mémoire durant tout son travail de production.

L'énonciateur n'est pas l'auteur.

L'auteur d'un texte, personne physique, ne doit pas toujours apparaître comme tel dans le texte. Il semble d'ailleurs qu'il ne puisse jamais le faire et que sa personne, quels que soient son talent et les efforts qu'il mette en oeuvre, sera toujours plus riche que ce qu'en dira son discours. Le terme énonciateur désigne la représentation, l'image que donne le texte de son émetteur.

Faut-il manifester l'émetteur ?

Il n'y a pas de réponse définitive à cette question. L'énonciateur peut apparaître comme image fidèle de l'auteur (témoignage, mémoires...); comme un portrait retouché pour produire un effet (roman écrit à la première personne, discours électoral, confessions...); comme un personnage fictif (publicité, science-fiction...); voire ne pas apparaître du tout (texte historique, résumé de texte). L'option retenue influencera évidemment l'aspect objectif ou subjectif du texte.

Identifier le destinataire.

Le destinataire du texte n'en est pas nécessairement le lecteur, et vice-versa. Mais l'identification correcte du destinataire est indispensable pour que le texte soit recevable, qu'il atteigne son objectif : être lu.

Écrire c'est continuellement faire des suppositions sur l'état des connaissances du lecteur et adapter l'énoncé des informations à cet état supposé . ( J.-L Dumortier )

En conséquence, il faut adapter le ton, le niveau de langue mais aussi la façon de rapporter les informations et l'importance des redondances (images, exemples, paraphrases...). Bref, se représenter le savoir du destinataire, prévoir ses attentes, ses façons de réagir aux affirmations, aux exemples. Trop de redondances indispose, trop peu rebute.

Il est toujours intéressant, pour l'auteur d'un texte, d'avoir présent à l'esprit, au moment d'écrire, la question suivante : "ne suis-je pas trop resté dans mon langage à moi, dans mes mots à moi, bien familiers mais peut-être pas assez assimilés par les autres ? Ai-je bien traduit ce qui serait trop abstrait, trop formel, trop technique ? (J.-P.Laurent )

Le texte persuasif s'adresse à un destinataire censé ne pas partager les opinions de l'auteur; le texte informatif, par contre, s'adresse à un destinataire ni opposé ni favorable.

Comment représenter le destinataire ?

Ici aussi les réponses varient d'un texte à l'autre. Il est parfois utile d'effacer l'énonciataire. Parfois il convient de lui donner des traits avantageux ou désavantageux. Certains textes s'adressent même à un destinataire fictif (Lettres persanes).

1.3. Les caractéristiques du support

Le texte sera bien sûr différent selon qu'il sera transmis par voie orale ou écrite. Les aspects particuliers de ces deux modes d'expression sont étudiés plus en détail dans la 3e partie (Communiquer). Cependant celui qui veut atteindre son objectif doit savoir dès le début de quelle façon il sera transmis.

De même il doit en connaître le format (le volume du texte écrit, la durée de l'exposé) et certains élèves le savent bien qui demandent : Combien de pages vous faut-il ? C'est essentiel parce que le format détermine l'ampleur du sujet et le niveau de redondance. Cette question des élèves que les professeurs soupçonnent de vouloir en faire le moins possible est donc parfaitement légitime et témoigne même d'une réelle maturité.

Il faut enfin savoir sous quelle forme apparaîtra le texte écrit (manuscrit, dactylographié, imprimé) pour l'organiser en conséquence. Les possibilités de titrage ou de variantes typographiques, par exemple, en dépendent. Si le texte est oral, demandez-vous dans quelles conditions il sera dit (notes écrites, élocution avec ou sans micro, en direct ou enregistré...)

1.4. L'intention du texte

Parfois les consignes indiquent explicitement l'objectif du texte : informer ou expliquer, convaincre ou enjoindre, divertir... Dans d'autres cas, à partir d'un même sujet, l'élève peut choisir l'orientation qu'il donne à son texte.

Pour plus de détails, voyez la section 2 : Productions scolaires usuelles, p. 67 sv.

Mémo:

2. Déterminer le sujet du texte. (le référent)

Plus la représentation prélinguistique est riche, plus la production d'un texte organisé et cohérent sera aisée. Une part importante du temps doit donc être consacrée à nourrir, clarifier, préciser les connaissances. Du dictionnaire à la volumineuse encyclopédie; du manuel scolaire à la farde de documentation. Il ne suffit d'ailleurs pas de trouver les informations, encore faut-il les trier. La difficulté se présente surtout pour produire les textes à référent réel.

Quel sujet principal et quels points secondaires font l'objet du texte à produire ? Quelques notes griffonnées sur une feuille de brouillon balisent le travail. Amorce d'un plan qui sera sans doute évolutif, ce préliminaire prend peu de temps et offre l'avantage considérable de soutenir l'inspiration.

Réfléchir soigneusement avant de commencer, en parler autour de soi quand c'est possible, permet d'éviter de répéter des idées reçues (clichés) ou de jongler avec des mots abstraits, des généralités en oubliant la réalité que ces mots devraient recouvrir. Mais il ne faut pas se faire d'illusions, impossible d'écrire son texte dans sa tête, l'aventure du texte conduit toujours à des découvertes imprévisibles.

Commencez par inventorier toutes les informations à transmettre. Il est désolant de s'apercevoir, le travail terminé, qu'un élément essentiel a été omis.

Que vous deviez rédiger un texte informatif ou un texte persuasif, les emprunts, citations ou appropriations, sont, neuf fois sur dix, indispensables. Dans un cas comme dans l'autre, vous devrez tirer parti de documents sur le sujet à traiter, documents que votre professeur aura réunis pour vous ou qu'il vous demandera de rassembler vous-mêmes. A défaut de ce travail préalable de documentation (dont fait partie l'éventuelle "recherche d'idées" qui s'opère en classe, collectivement, en préparation de la rédaction à domicile), vous en êtes réduits à exploiter vos souvenirs, le savoir sur la question stocké dans votre mémoire : parfois très mince, souvent très vague. Il est exceptionnel, en effet, d'avoir, présentes à l'esprit, des données précises d'ordre factuel. Imaginez, par exemple, que l'on vous demande de soutenir une opinion sur la place accordée au crime par les media. Votre représentation prélinguistique du sujet est, sauf exception, limitée à quelques généralités du genre : la radio et la T.V. transforment les criminels en vedettes d'actualité; le crime "à la une" détourne l'attention de problèmes plus constants et plus graves; les criminels (les preneurs d'otages en particulier) sont susceptibles d'inclure les media dans leur stratégie; le public, le jeune public notamment, s'accoutume ainsi à la violence, etc. Toutes ces idées sont certes pertinentes, elles peuvent toutes constituer le "noyau" d'un paragraphe ou d'un paquet d'informations plus important encore. Mais toutes demandent à être développées, appuyées par des exemples, des preuves, des anecdotes, des statistiques, bref : par ce que l'on nomme communément des faits. Or ces "faits", avec toutes les précisions qu'ils impliquent (qui ? quoi ? où ? quand ? comment ? combien ?) font rarement partie du stock d'informations engrangées par notre cerveau. Si vous n'avez pas accès aux documents qui en font état, impossible de soutenir, toutes pertinentes qu'elles soient, vos idées générales : vous rendez un travail squelettique, peu convaincant... à moins que vous ne tombiez dans les travers de la répétition ou de la digression pour pallier une carence de documents. ( J.-L. Dumortier)

Du reste, lorsque le sujet est bien préparé, l'étudiant éprouve plus de mal à sélectionner les informations qu'il a recueillies et à les adapter au destinataire, qu'à diluer son texte pour lui faire atteindre le format voulu.

Mémo:

3. Organiser le texte

le plan de développpement

le début et la fin

3.1. Le plan de développement

La créativité naît de l'ordre et de l'organisation. (A. Delcampe)

Deux manières très différentes d'organiser le texte coexistent: le plan linéaire : début, développement, finale et le plan de l'hypertexte. Dans le plan traditionnel, le lecteur suit un cheminement immuable imposé par l'auteur. Dans un hypertexte, c'est le lecteur qui organise lui-même sa circulation dans des cellules textuelles plus ou moins nombreuses : les "hypotextes".

3.1.1. Le plan traditionnel du texte

Entre les premier et dernier paragraphes, ce qu'on appelle le corps du texte est disposé selon un ordre significatif. Le plan, représentation schématique de cette organisation, sera pour le lecteur, une aide appréciable. Il donne une structure aux informations et aux éléments du discours, il sert également de guide au cours de la rédaction évitant à l'auteur, pris dans le travail d'écriture, d'omettre des éléments importants.

L'élaboration préalable du plan est conseillée, même s'il arrive souvent qu'il se modifie en cours de rédaction. L'objectif sera surtout de classer, proportionner, hiérarchiser les informations et les éléments du discours, de rechercher l'ordre qui leur convient (A quel endroit de mon texte ce paragraphe sera-t-il le plus efficace ?).

Voici le GRAND SECRET : Il existe en réalité 3 ordres différents :
1° L'ordre dans lequel on trouve ses idées sur un sujet donné : il est aléatoire, zigzagant, imprévisible. (...)

2° L'ordre dans lequel il faut placer ses idées pour les exposer. (...) Il y a une chance sur deux pour que nous soyons amenés à le modifier au cours de la rédaction.

3° L'ordre dans lequel il faut rédiger. (...) Il est souvent meilleur, selon le conseil de Pascal, de rédiger dans l'ordre suivant : Corps du sujet, conclusion, introduction.
Et souvent, après avoir écrit, il n'est pas rare d'avoir à modifier l'ordre des parties, même et surtout à l'intérieur du développement.

L'erreur -que nous faisons tous- c'est de confondre ces trois ordres. Sans doute, nous savons distinguer les deux premiers; mais il est rare de connaître le troisième et surtout de l'appliquer. En ce qui concerne le plan, tout l'art du rédacteur consiste à résister à l'entraînement que les ordres 1 et 2 exercent sur lui. Nous sommes en effet en permanence tentés de disposer les idées dans l'ordre où elles nous viennent à l'esprit; tentés d'écrire notre texte dans l'ordre prévu, introduction en tête. (L. Timbal-Duclaux)

Le plan se présente sous des formes très visuelles : plan à tiroirs (chaque idée secondaire est placée sous la principale et décalée vers la droite) ou plan-tableau (à partir d'une proposition complexe sont alignées des colonnes où figureront les développements). Autres structures.

Pour dessiner le plan d'un texte informatif ou persuasif, reportez-vous aux différents types de progression à thème linéaire, à thème constant, à thème éclaté.

La structure du texte peut se concevoir de façon continue lorsque les éléments sont organisés selon un enchaînement chronologique (les idées, les épisodes, sont disposés selon leur rapport au temps; d'avant à maintenant ou de l'état actuel à des états antérieurs); ou un enchaînement logique (les idées, les épisodes, s'articulent les uns aux autres, l'un entraîne l'autre). On va de la totalité au détail ou, à l'inverse, du détail à l'ensemble. Cette composition enchaînée est proche du langage spontané, elle en a la richesse (simplicité) et les inconvénients (manque de relief).

Lorsque la structure est discontinue, on parle d'enchâssement (la progression est interrompue par des ruptures temporelles [flash-back, anticipations ] ou spatiales, éventuellement disposées en montage parallèle). Les ruptures dans la progression sont tout à fait acceptables pour autant que le lecteur soit averti et aidé.

Faut-il manifester son plan ?

Dans certains types de textes c'est nécessaire. Plus le texte est explicatif, plus il est long aussi, plus le lecteur attend ce métadiscours.

Annoncez le plan, c'est-à-dire décrivez brièvement comment vous comptez présenter votre exposé (annonces). En règle générale : dénombrer, énumérer les points à expliciter donne d'emblée un aspect de clarté. Ensuite balisez le texte pour rappeler (reprises) ce plan et aider le lecteur à s'orienter dans le système-texte.

Le lecteur et, plus encore, l'auditeur sont généralement soucieux de comprendre, mais aussi plutôt économes de leurs peines. Ils sont un étrange et très variable mélange de curiosité et de paresse. C'est pourquoi il est nécessaire, à l'aide d'un plan précis, de leur baliser le chemin de la démonstration, de marquer les diverses étapes qui mènent graduellement de l'introduction à la conclusion. Il ne leur déplaît pas du tout que vous leur mâchiez la besogne, que vous les aidiez à vous comprendre et à vous suivre. Ainsi, ils ne vous en voudront sûrement pas si vous indiquez les diverses parties et sous-parties de votre exposé[...] (A.Hella)

A chaque texte, son plan

Dans un texte d'argumentation, par exemple, il vaut mieux disposer ses arguments dans un ordre croissant afin de convaincre progressivement le lecteur.

Quand on décrit on dirige le regard, d'emblée ou par étapes, vers l'objet important.

Un article de presse demande que les éléments soient disposés de manière à susciter l'envie de lire d'un lecteur pressé et distrait, d'où la présence d' intertitres courts et accrocheurs qui constituent autant d'étapes dans la progression du texte et qui, seuls, en constituent un résumé (plus ou moins fidèle).

Le début et la fin

Une introduction n'est pas toujours nécessaire, bien souvent il est plus indiqué d'entrer d'emblée dans le vif du sujet. Vous trouverez plus de précisions à propos du paragraphe intitial en général ou de l'introduction proprement dite dans les pages relatives à la dissertation.

Il en va de même pour la finale. Quand le texte est bien construit, la conclusion s'impose, il n'est pas besoin de la formuler. Ceci dit, il est utile au moment où le plan de développement se construit, de prévoir la finale, la clôture du texte. Davantage de précisions sur le paragraphe final ?

3.1.2. L'hypertexte

Une manière relativement neuve d'organiser les informations se révèle très appropriée à la lecture interactive sur écran d'ordinateur. Dans un hypertexte, chaque lecteur dispose à tout moment de la possibilité d'accéder, en fonction de ses besoins, de ses envies, à un endroit du texte qu'il choisit lui-même. Il ne perd pas, ce faisant, la continuité du sens qu'il construit d'ailleurs lui-même. Il faut donc que chaque unité du texte (les "hypotextes") puisse être lue indépendamment des autres.

L'hypertexte se constitue par développement successif des informations. Ce schéma porte le nom d' arborescence.

Comment procéder ?

On commence par rédiger un texte court (niveau 1) où seul l'essentiel est exprimé. Dans ce résumé-sommaire, des mots-clés sont marqués et, s'ils sont activés (double-clic), ouvrent une section du texte plus détaillée (niveau 2) . Dans ce texte sont à nouveau placés des mots-clés marqués qui ouvrent des sections encore plus précises (niveau 3) et ainsi de suite. Le lecteur peut ainsi, en prenant appui sur les mots-clés disposés avec habileté, parcourir le document à ses différents niveaux, en totalité ou en partie.

On commence par exprimer en un texte qui ne dépasse pas la surface d'un écran, l'essentiel de ce qu'on veut dire, les thèmes importants, les "têtes de chapitre". On marque les mots qui seront développés, on compose les textes de niveau 2 etc.

Quand tout est prêt, on installe les liens HTML (ancre ou lien vers d'autres fichiers). Ne pas oublier les balises qui permettent au lecteur de retourner à la première page dite page d'accueil.

3.2. L'organisation.

L'organisation du texte exige toujours des relations entre les phrases, ces "articulations", comme celles du corps humain, relient entre eux les membres d'un texte, elles font passer le lecteur d'une idée à l'autre. Articuler ses idées revient en quelque sorte à les assortir, pour donner plus d'unité, de cohérence au paragraphe, au texte.

(Publicité parue dans Le Nouvel Observateur, 22/10/87. Merci à J. LIESSE.)

L'organisation des phrases

L'organisation de la phrase complexe, longuement étudiée au cycle inférieur ne devrait plus poser de difficultés. Relier les compléments, mots, groupes ou propositions, au mot ou à la principale se fait assez naturellement par juxtaposition, coordination ou enchâssement. Rappelons simplement ici le conseil de variété : sauf effet voulu (qui doit être perçu comme tel par le destinataire), l'utilisation sans raison valable de conjonctions et de prépositions identiques enfreint le principe de la progression et réduit la cohérence du texte. Un catalogue de mots-outils vous aidera à choisir des organisateurs variés et précis.

L'organisation des paragraphes.

La constitution de paragraphes et leur organisation sont quant à elles plus problématiques. Les débutants négligent souvent d'aérer leur texte par des paragraphes clairement délimités pourtant très importants dans la mesure où ils indiquent visuellement ce qu'il faut lire sans s'interrompre, et à partir d'où le lecteur distrait doit reprendre si le contenu n'a pas été bien perçu. C'est que cet ensemble d'énoncés n'est pas constitué de manière immuable. Les informations se transmettent mieux lorsqu'elles sont groupées par paquets. Et pour constituer un paquet, il faut, c'est ce que montre l'observation des textes, rassembler les informations autour d'un thème central (idée, argument, épisode...) Ce paquet c'est, habituellement, le paragraphe dont le signe distinctif est l'alinéa ou la "ligne sautée". Dans la pratique on reconnaît qu'un paragraphe est constitué lorsqu'il permet de répondre par un seul élément à la question De quoi parle ce paragraphe ? S'il est nécessaire de répondre par plusieurs compléments c'est qu'il y a matière à constituer plusieurs paragraphes. On le voit, il s'agit plus d'un critère de contenu que de longueur. En cas d'hésitation on choisit la solution qui assure le maximum de confort au lecteur.

Dans les textes persuasifs ou informatifs, on trouve souvent cette structure :
  1. articulation avec le paragraphe précédent,
  2. annonce de l'essentiel du paragraphe : thème + rhème,
  3. développement, énoncé détaillé de l'idée privilégiée,
  4. illustration par des faits,
  5. affirmation définitive
  6. transition vers le paragraphe suivant.

Mais ce modèle n'est pas absolu. On peut s'écarter des sentiers battus pour autant que l'on reste attentif à son lecteur et à son confort, sans cela le texte sera inefficace.

Voir un exemple ?

L'organisation du texte

A l'intérieur du paragraphe, les informations, les phrases, sont reliées, articulées entre elles sous peine de voir le texte ressembler à un dictionnaire ou un annuaire de téléphone. Entre eux, les paragraphes sont aussi articulés pour assurer la cohésion, que le lecteur attend, du système-texte. Et pour que cette organisation lui apparaisse, l'auteur installe des signaux, des balises. Chaque paragraphe est donc, en principe, encadré d'une ou plusieurs unités de signification (connecteurs) le mettant en relation avec le précédent et le suivant.

La langue offre à celui qui écrit une grande réserve de procédés, le talent de l'écrivain se reconnaît d'ailleurs, entre autres, à sa façon d'installer des transitions entre les parties de son texte. Il existe trois catégories d'organisateurs du texte : la mise en pages (titrage et division en paragraphes), les mots-outils et les connecteurs sémantiques.

Les divisions du texte constituent une macro-organisation du texte. Elles indiquent au lecteur les paquets d'informations à lire en une seule fois. Cela lui permet d'interrompre sa lecture pour réfléchir à ce qu'il vient de lire, l'évaluer ou de relire si besoin est. Cette division en alinéas est donc un facteur d'interactivité entre le lecteur et l'auteur. La division en paragraphes visualise le plan du texte et le titrage éventuel en précise et en hiérarchise les sous-ensembles. La ponctuation permet aussi parfois de manifester les relations entre séquences.

Attention : Le titre ne crée pas la structure, il l'appuie, la signale. Il ne vous dispense jamais d'articuler le corps du texte. Si votre texte est fonctionnel, ne répétez pas les titres de ce fichier, produisez chaque fois un titre adapté au paragraphe qu'il annonce.

A l'intérieur des phrases agissent en outre des mots-outils. Ce sont des mots ou des expressions servant exclusivement à énoncer quatre types de relations : chronologique, logique, d'énonciation, d'adaptation.

Le rôle des mots-outils est essentiellement d'indiquer quel type de relation unit des ensembles ou sous-ensembles d'informations. D'autres mots, les connecteurs sémantiques cumulent ce rôle avec celui qu'ils jouent au sein de la phrase.

La simple observation quotidienne nous révèle les importantes dégradations du milieu naturel. Comment ne pas en déduire la nécessité de protéger notre environnement ?

Le verbe déduire ne peut pas être considéré comme un mot-outil, c'est la base de la phrase. Pourtant il établit une relation (conséquence) entre les deux séquences d'informations. C'est un exemple de connecteur sémantique qui, comme les autres organisateurs, facilite et accélère le travail du lecteur. Les phrases juxtaposées sont le lieu idéal pour utiliser les connecteurs sémantiques.

Si vous optez pour la vivacité des articulations implicites, soyez prudent, tenez compte de votre destinataire : les articulations implicites allègent le style mais risquent d'échapper au lecteur inattentif.

Lorsque celui qui produit un texte est capable de se servir adéquatement des différents outils d'organisation du paragraphe et du texte, il dispose d'un éventail varié de moyens d'expression, et par conséquent son écriture acquiert plus de souplesse, de fluidité.

Mémo:

4. Assurer la cohérence

Pour qu'un texte soit cohérent, il faut :

1. qu'il comporte dans son développement des informations qui se répètent (RÉPÉTITION);

2. qu'il comporte dans son développement des informations nouvelles (PROGRESSION);

3. qu'il n'y ait aucune contradiction entre les informations présentées (COMPATIBILITÉ);

4. que les informations puissent être reliées (ARTICULATION).

Avant d'aller plus loin, il convient de préciser que ces règles, comme souvent dans le domaine linguistique, peuvent être transgressées. On trouve des textes parfaitement lisibles qui enfreignent délibérément l'un ou l'autre de ces principes. La cohérence est en effet relative aux autres constituants du texte. Les audaces peuvent enrichir un texte, elles peuvent aussi le gâcher. Pour que la cohérence soit maintenue, il faut que le destinataire soit bien conscient que tel effet est déviant et qu'il en apprécie l'intention poétique ou ludique. Sinon les écarts de langue seront interprétés comme des fautes. Il n'empêche que ces quatre règles sont un guide précieux.

4.1. Se répéter.

La redondance assure l'efficacité de la communication. Plus une idée est importante, plus souvent elle doit apparaître dans le cours du texte (les reprises). Le lecteur, l'auditoire, est nécessairement plus attentif à une information donnée à plusieurs reprises. Pour compenser sa prévisible distraction, il faut s'assurer que si le lecteur est passé à côté d'une information, il la rencontre forcément à nouveau. Il faut aussi prévoir qu'il n'ait pas parfaitement compris un énoncé et donc le reformuler plusieurs fois. Plus le texte est long, mieux il supporte la répétition, le texte oral davantage que le texte écrit.

La règle «ne répétez pas le même mot dans la même page» est stupide. Si dans un article sur le charbon, j'écris une fois charbon, une autre fois houille, une autre enfin combustibles minéraux solides, le lecteur ne saura plus s'il s'agit de la même réalité ou de deux ou trois choses différentes. Voici un exemple littéraire emprunté à FLESCH : «Attention ! il y a un animal sur la route ! » hurla Jane. Je donnai un grand coup de frein pour éviter le chien qui traversait. C'était un magnifique Saint-Bernard que nous avions failli écraser».
Le même objet y est désigné trois fois sous trois mots différents. Ce n'est pas un hasard; c'est voulu pour rendre l'exactitude de la scène: vision fugitive de loin (animal); vision plus proche et précise (chien); vision de près, à l'arrêt (Saint-Bernard).
( L. Timbal-Duclaux)

4.2. Varier .

La deuxième règle de cohérence ne contredit pas la première. Un texte qui répéterait invariablement la même phrase découragerait pas mal de lecteurs. Il faut donc que le texte apporte sans cesse des éléments nouveaux (progression). Sauf quand elle répond à une nécessité ou crée un effet, la répétition des mêmes mots ou des mêmes structures dénote la pauvreté de la langue de celui qui écrit. Pour assurer la variété de l'expression, on recherche des substituts : hyperonymes, synonymes, périphrases ou on modifie la construction pour exprimer l'idée de façon différente, plus précise de préférence. Évidemment plus son savoir verbal est important, plus celui qui écrit dispose d'outils pour varier son expression.

Souvent dans la rédaction vous éprouverez le besoin d'éviter la répétition d'un mot ou d'une idée. Les synonymes, que propose le Petit Robert après l'indication : "syn." permettent de préciser la pensée. Il est intéressant aussi de prendre en compte (après le symbole "V."), les termes ayant quelque analogie de sens avec le mot ou l'expression qui précède. Attention, il faut chercher un peu : déjeuner, par exemple, se trouve sous la rubrique manger mais pas à se nourrir !

En ce qui concerne le contenu, le deuxième énoncé d'une information est, de préférence, légèrement différent du premier (plus précis, plus dramatique, autre situation spatio-temporelle...)

Voici quelques procédés de reprises classiques (DUPONT & ALII, 1994):

Attention aux équivoques :

Pierre a perdu son grand-père. Il en est très affecté.
Pierre a perdu son grand-père. Il est décédé à plus que quatre-vingts ans.

Deux autres moyens permettent des répétitions discrètes : la paraphrase et l'exemple.

La paraphrase exprime en d'autres mots une information déjà donnée;
l'exemple précise, illustre une information jugée trop abstraite pour le destinataire.

4.3. Articuler.

L'articulation manifeste l'organisation du discours. Insérer un méta-discours (annoncer un plan, résumer un développement) permet au destinataire de percevoir plus aisément l'organisation de l'ensemble du discours.

4.4. Garantir la compatibilité des énoncés.

La contradiction peut disqualifier le texte à plusieurs niveaux : incompatibilité entre plusieurs informations mais aussi variation injustifiée du mode d' énonciation.

Sauf à produire un effet particulier, on n'exprime pas à quelques lignes d'intervalles des énoncés incompatibles. Citer un proverbe, par exemple, et quelques lignes plus loin mettre en doute la valeur de ce type d'énoncés est contradictoire. Le mécanisme de l'erreur est le suivant. L'auteur commence à rédiger sans prendre le temps suffisant pour cerner le sujet, la démarche linéaire d'écriture le conduit à affiner sa pensée, à rechercher d'autres informations, bref sa représentation du sujet. Son savoir prélinguistique évolue et comme il est dans le train en marche, il ne perçoit plus l'écart entre l'expression qu'il vient d'écrire et celle qui subsiste d'un état antérieur de sa réflexion.

Pour éviter de telles erreurs, on ne conseillera jamais assez le brouillon ainsi que l'écriture différée. Relire son texte quelque temps après sa première rédaction permet plus aisément d'en corriger les incohérences.

4.5. L'intertextualité.

Le texte assure aussi sa cohérence (conformité ou originalité) avec une culture donnée par intertextualité externe (c'est-à-dire par son rapport avec un ensemble très large et très complexe d'autres textes (citations, allusions, réécritures, remaniements). Il est donc recommandé de relier son texte à d'autres tout en se gardant soigneusement du plagiat.

Mémo:

5. Exploiter les ressources du langage

Le "style communicationnel"

5.1. aspects lexicaux

Le style de la composition écrite est soumis à plus d'exigence que celui de la conversation. Pour être naturel il n'est donc pas indiqué d'écrire comme on parle. Cependant, la recherche du vocabulaire précis ne doit pas aller jusqu'à vous faire utiliser un jargon obscur. L'emphase des mots, la trop grande recherche dans le choix des termes sont de mauvais goût. Au contraire, l'expression la plus simple (*) et la plus naturelle est souvent celle qui rend le mieux la pensée.

(*) "Que dire de ces phrases qu'on lit dans des romans contemporains ? … "La chola chante une zamacueca en s'accompagnant sur sa diguhela." Le lecteur reste rêveur : ce sont pourtant les noms mêmes des choses. Il faut songer toujours pour quel lecteur on écrit, ou, ce qui revient au même, dans quel genre on écrit. Car on n'a pas à rechercher toujours la même sorte de clarté : chaque sujet a sa clarté propre, réglée par sa destination à tel ou tel public.

Mais dans les occasions où l'on veut être lu de tous, où l'on n'exclut d'avance aucune catégorie d'esprits de l'intelligence de ce qu'on écrit, cette clarté spéciale ne suffit plus. Alors, de quoi que l'on parle, science, art, industrie, il faut employer les mots de tout le monde. Il ne s'agit plus de parler en homme de métier, puisqu'on ne parle plus à des gens de métier. Les mots techniques ne servent plus qu'à dérouter le lecteur : ils l'arrêtent, l'épouvantent, font de la lecture un labeur et un ennui." (G. LANSON cité par L. TIMBAL-DUCLAUX.)

Choisissez l'expression qui traduit l'idée le plus exactement.

Le sens ne se répartit pas de façon égale dans l'énoncé. Raymond Queneau et Jacques Bens ont mené deux expériences de réduction d'énoncés permettant de déterminer les parties les plus chargées de sens, les moins redondantes, et d'établir une hiérarchie des classes grammaticales en fonction de l'effet de sens produit. Tout locuteur sent confusément que le nom, le verbe, l'adjectif, l'adverbe n'ont pas le même poids. Bens a essayé de préciser ce sentiment en établissant des inventaires à partir de textes en vers ou en prose. Extrayant tour à tour les substantifs, les adjectifs, les verbes, les adverbes, il constate que seul l'inventaire des premiers conserve un sens, les autres éléments donnant «des listes assez incohérentes et sans signification particulière». (M. Yaguello)

Tenez compte de ces recherches linguistiques pour choisir à bon escient la nature des mots que vous utiliserez. Le choix prioritaire des substantifs s'impose plutôt quand votre texte vise à donner des informations. Par contre les verbes portent plus de marques grammaticales (personnes, modes, temps, voix, aspect et modalité); ils conviennent mieux à l' énonciation discursive, lorsque l'objectif est surtout communicationnel.

Certains noms, certains verbes sont "incolores", ils sont utilisés dans une multitude de situations différentes. Leur champ sémantique est tellement vaste qu'ils n'enrichissent que très peu le texte. Évitez les termes comme chose, faire. De même : être, avoir, devoir, falloir, par exemple, seront avantageusement remplacés par d'autres tournures moins usées. N'hésitez pas, par contre, à vous servir de mots colorés qui expriment l'idée et créent une image , et de substantifs qui se passent d'épithètes.

Petite histoire pour se convaincre qu'il faut utiliser des images.
Assis chaque dimanche à la porte d'une église, un aveugle avait posé à côté d'une sébile une ardoise portant ces mots : "Aveugle de naissance". Et il récoltait quelques maigres piécettes. Passe un homme, qui ne met rien dans la sébile, dit quelques mots à l'aveugle, prend l'ardoise, efface, récrit autre chose, et remet l'ardoise en place.
Le dimanche suivant, il revient : la sébile était pleine et l'aveugle radieux. Savez-vous ce que l'homme avait écrit sur l'ardoise ? "C'est le printemps et je ne le vois pas ! " (L. Timbal-Duclaux.)

5.2. aspects syntaxiques

S'adapter

Adaptez votre langue, répétons-le, à votre destinataire et au type de communication.

Veillez aussi à nuancer vos affirmations. Une idée, si vraie soit-elle, lorsqu'elle est exprimée de façon trop absolue et trop brutale risque de devenir fausse. N'étalez pas votre savoir d'une façon prétentieuse et appuyée : sachez pratiquer l'art de l'allusion discrète.

Sans amour la vie n'a aucun sens.
-> Sans amour qu'est-ce que vivre veut dire? (J. Brel)

Les tournures impersonnelles comme il y a, il faut, il vaut mieux que, etc. gagnent à être formulées de manière personnelle.

Il y a un grand titre sur toute la page.
-> Un grand titre barre toute la page.

De même, un complément prépositionnel, un nom ou un participe passé remplacent avantageusement la subordonnée.

C'était un vieillard qui portait un grotesque haut-de-forme.
->C'était un vieillard affublé d'un grotesque haut-de-forme.

Mesurer la phrase

Certains procédés ont pour effet d'augmenter la densité d'informations d'un énoncé (= le rapport entre la quantité d'informations et le nombre de mots). La condensation est l'inverse de la dilution où l'on trouve un niveau élevé de redondances, de reprises.

La communication se transmet mieux si sa condensation est adaptée à certains facteurs représentés sur le schéma suivant :

Les procédés suivants augmentent la condensation :

Inversement d'autres procédés réduisent la condensation et conviennent à des circonstances où l'attention du destinataire est moins forte : subordination, répétitions, paraphrases, exemples...

En français, la phrase est rarement trop courte, ou trop claire. Lorsque vous éprouvez des difficultés de rédaction, demandez-vous si votre idée est achevée, si votre pensée est nette. La concision ne consiste pas tant à faire des phrases courtes plutôt que des longues, mais à ramasser, à condenser, à épurer l'idée dans une forme de plus en plus serrée. Elle convient particulièrement aux textes denses destinés à un lecteur instruit et attentif.

La langue est nécessaire aux relations les plus élémentaires. Elle est un trésor primordial. Elle mérite qu'on lui rende un culte magnifique.
-> Trésor primordial nécessaire aux relations les plus élémentaires, la langue mérite un culte magnifique.

(d'après P. THIRY)

Quand on omet de les scinder, les phrases interminables sont, fréquemment, obscures et peu élégantes; par contre, courtes, hachées, elles engendrent la monotonie. Variez donc le style par des phrases tantôt courtes, tantôt longues. (A titre indicatif, sachez que dans le Reader's Digest, publication de grande diffusion, la moyenne est de quinze mots par phrase ! )

Varier

Sauf quand elle répond à une nécessité ou crée un effet, la répétition des mêmes mots ou des mêmes structures dénote la pauvreté de la langue de celui qui écrit. Pour l'éviter, recherchez des synonymes ou modifiez la construction de la phrase pour exprimer votre idée de façon plus précise. N'en faites toutefois pas une obsession : la redondance assure l'efficacité de la communication.

Veillez, en outre, à varier les constructions pour casser la monotonie de la structure : Sujet + Verbe + Complément; pensez notamment aux inversions, aux phrases nominales, aux questions.

Écouter

La plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit, quand l'oreille est blessée.
(Boileau).

Habituez-vous à entendre la mélodie de la phrase que vous écrivez. Il suffit parfois de déplacer légèrement un mot pour qu'une phrase sonne plus agréablement aux oreilles.

Les devoirs peuvent aussi être source de plaisir.
-> Les devoirs peuvent être aussi source de plaisir.

Évitez l'accumulation des participes présents ou des adverbes en -ment. Souvent un adjectif ou un verbe propre rend la pensée de façon plus claire et plus concise.

Maintenant il exerce simultanément plusieurs emplois.
-> Il cumule maintenant plusieurs emplois.

Mémo:

5.3. La question du style .

Je n'ai pas de style, entend-on souvent dire par les étudiants. Style lourd, écrivent les professeurs en marge des devoirs. Qu'est-ce donc que ce style qui laisse tant d'étudiants perplexes quand la seule évocation de ce terme ne les paralyse pas totalement, ignorant qu'ils sont de ce que recouvre ce concept.

Le style peut se définir comme la résultante plus ou moins adéquate de l'interaction de plusieurs facteurs, situationnels (les circonstances de la communication), d'une part; linguistiques, d'autre part, ce sont la phonétique, la morphologie, le lexique, la syntaxe, la sémantique et la grammaire du texte. Le travail langagier les met en accord avec les circonstances.

Le bon style est un style pertinent; le mauvais, un style déplacé. Comme est déplacé un billet de 500 F pour acheter une boîte d'allumettes, ainsi un style oratoire dans une circonstance familière. A l'inverse, régler une voiture en petites coupures sera aussi déplacé que de rédiger un acte notarial en termes familiers. Le style devra donc être adapté aux circonstances et au public. Savoir écrire c'est donc savoir varier son écriture et son style. (L. Timbal-Duclaux)

Il n'y a donc pas un style unique mais des styles. Le style de la composition écrite, par exemple, est soumis à plus d'exigence que celui de la conversation. "Pour désigner l'ensemble des traits linguistiques correspondant à un ensemble de facteurs situationnels, on parle de "registre stylistique" ou encore de "registre de langage". On aura par exemple le registre de la conversation, le registre technique, administratif, littéraire, etc." (J. Colson).

A l'écrit même, plusieurs variantes coexistent : l'écriture qui convient à la lettre, par exemple, supporte plutôt mal une publication sans retouche.

Il ne s'agit ici, évidemment, que d'indications très générales. Si tout le monde écrivait de la même façon, ce serait bien triste. L'originalité, la personnalité sont de réels critères de qualité.

Note sur le "style communicationnel" .

 Le style "communicationnel" se reconnaît à quelques caractéristiques :

D'après :Écrire au quotidien.

6. Maîtriser les conventions

6.1. conventions phoniques

Voyez la section : communication orale.

6.2. conventions orthographiques

Un des problèmes les plus fréquents dans l'évaluation des travaux écrits de français est certainement la présence d'erreurs orthographiques plus visibles encore lorsque le texte est dactylographié. Comment limiter ces erreurs et, si possible, les éliminer totalement ?

L'orthographe n'est pas un luxe. D'un point de vue strictement utilitaire, corriger ses erreurs vous permet de montrer que vous avez une bonne connaissance de votre langue; dans une lettre de demande d'emploi, c'est un atout certain. En outre, même si le texte que vous écrivez n'est destiné ni à être coté, ni à vous procurer un emploi, n'oubliez pas qu'il donne une image de vous. Accepteriez-vous de remettre des feuillets tachés ou chiffonnés ?

Nous supposons que, parvenus au cycle supérieur, les étudiants ont tous été initiés aux règles de l'orthographe française plus compliquée que l'espagnole mais plus simple, à certains égards, que l'anglaise.

La difficulté majeure est donc, dans la plupart des cas, de reconnaître votre erreur et non de la corriger. Il s'agit somme toute d'une question de lecture. En effet, celui qui relit un texte qu'il a récemment écrit de sa propre main a tendance à ne décoder que les premières lettres d'un mot; il saute les derniers éléments, inutiles pour son esprit qui a presque instantanément recomposé le mot entier sur base des premiers caractères déchiffrés. De là, sans doute, le fait que la majorité des erreurs d'orthographe se situent à la fin des mots là où, malheureusement, se placent les morphèmes d'accord.

Voici quelques conseils :

Quand vous travaillez au traitement de texte, utilisez la fonction de vérification orthographique qui vous évitera beaucoup d'erreurs d'orthographe lexicale.

Une méthode inspirée de la gestion mentale : Moriamé M.-A.Outils d'orthographe.
En savoir davantage sur les questions linguistiques de l'orthographe?
Une typologie des erreurs avec des propositions d'améliorations.
APARO, L'essentiel de la nouvelle orthographe, rectifications de 1990.
Le Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD), géré par le collège de Maisonneuve, produit du matériel destiné aux élèves d'une grande variété de cours et de programmes ainsi que des documents visant particulièrement l'amélioration du français ou de l’anglais. Son site Amélioration du français est à visiter.

7. Intégrer la dimension non verbale

Soignez votre mise en pages, enrichissez votre texte d'illustrations...

Voyez aussi la section "Communiquer" .

 

 

Remarques complémentaires sur la production de textes.

Devant la feuille blanche ?

Paragraphe initial et paragraphe final

Produire des textes en situation d'examen ?

Notes sur la communication des textes

Comment démarrer ?

Le plus simplement possible. Comme vous êtes sans doute plus habitué au langage parlé, imaginez que vous parlez à un proche : parent ou ami. Transcrivez ce que vous lui diriez, sans vous préoccuper de style; vous pourrez y revenir lorsque vous aurez suffisamment de matière. Un conseil : ne détruisez pas irrémédiablement les phrases qui ne conviennent pas parfaitement, biffez-les de manière légère, il s'y cache peut-être une idée qui ne reviendra plus et qui sera formulée autrement dans une étape ultérieure.

Laissez pour plus tard l'introduction et la conclusion si le type de texte en exige.

Avant la richesse du vocabulaire ou l'harmonie du style, c'est la qualité des informations, la clarté des phrases (pas trop longues), la structure et la cohérence qu'il faut assurer.

Produire des textes en situation d'examen ?

En ce qui concerne la production de textes en situation d'examen, nous renvoyons à l'ouvrage de ROMAINVILLE M. & GENTILE C (Des méthodes pour apprendre). Vous y trouverez de judicieux conseils. Voici, établie à partir de cet ouvrage, une liste des termes les plus couramment utilisés dans les questions.

Apprécier : attribuer une valeur à un jugement, à une oeuvre.

Caractériser : mettre en évidence les traits distinctifs ou dominants.

Commenter : examiner les différents aspects de la question, les développer en faisant usage d'observations, de réflexions, de comparaisons, d'illustrations. Si le sujet s'y prête, on peut en exposer le pour et le contre, éventuellement démontrer la vérité ou le bien-fondé de l'un ou de l'autre pour finalement prendre position et formuler une conclusion.

Comparer : consiste à examiner plusieurs objets sous un même rapport pour en faire ressortir les différences et les similitudes. Il ne suffit pas de disposer en colonnes les éléments comparables; comparer, c'est mettre en lumière, expliciter les rapports entre ces éléments.

Critiquer : prendre du recul et donner son jugement sur un objet; faire ressortir le vrai, le faux, les qualités, les défauts.

Décrire : énumérer les caractéristiques de quelque chose, en donner une idée à l'aide de traits observables.

Définir : préciser le contenu d'un concept, ses attributs essentiels.

Démontrer : arriver à une conclusion, souvent imposée, de manière rigoureuse, par des faits ou des raisonnements. Répondre au pourquoi.

Discuter : procéder à l'examen contradictoire d'une question, dire le pour et le contre, mentionner les avantages et les inconvénients.

Étudier : analyser, sans qu'aucune limite, ni restriction soit imposée.

Examiner : est comparable à discuter.

Expliquer : rendre compte analytiquement du sens.

Illustrer : éclaircir le sens d'un texte, d'une proposition, d'une citation à l'aide d'un exemple, d'un graphique ou d'un dessin.

Justifier : est comparable à démontrer.

Rappelez-vous que le texte est évalué d'après ce qui est écrit ou dit et non sur base de ce que le correcteur suppose être ce que l'élève a "voulu dire" ou "voulu écrire".

On ne saurait trop insister sur la nécessité qu'il y a de se faire une idée correcte des consignes qui sont proposées. Et pour cela, au lieu de foncer tête baissée, s'accorder un temps de réflexion, esquisser mentalement un schéma de texte, lire et relire les instructions, décomposer la question en ses parties, souligner, -sur le questionnaire même, si cela est possible-, les différents points à traiter. Lire chaque mot, sans se contenter d'une lecture rapide et approximative : "ah oui, je m'en souviens, c'est dans le chapitre trois ! " Se dire cela lorsqu'on en est au troisième mot d'une question qui en comprend vingt risque de produire bien des déconvenues ! Comprendre la question, c'est être capable de la reformuler avec ses propres mots, c'est aussi la lire du point de vue d'un autre cours.

Une fois les consignes comprises, il faut encore en respecter toutes les exigences : concision, complétude, cohérence, vue globale, synthèse, originalité... Et limiter sa réponse à ce qui est demandé; l'excès nuit. Une bonne habitude : délimiter explicitement dans la réponse, sous la forme d'un petit plan, les différentes parties en rapport avec la question.

Page mise à jour le 01.08.2009