Accueil

Lexique

Carrefour-lecture

Comment lire un texte ?

Voici les différentes opérations qui, ensemble, constituent l'action de lire.

1) Se représenter la situation de communication:

+ les circonstances de création et de transmission du message;

+ l'usage auquel il est destiné;

+ son intention dominante

2) Dégager l'organisation générale du texte, son plan de développement:

+ mise en pages;

+ organisateurs textuels;

+ relations implicites.

3) Relever les aspects particuliers de l'énonciation.

4) Interpréter les unités lexicales, morphologiques et syntaxiques.

5) Associer la dimension non verbale.

6) Identifier le système des valeurs.

7) Relier les informations à celles dont on dispose dans sa mémoire de manière à élaborer des significations.

 

Remarques additionnelles sur les difficultés de la lecture

 

1. Se représenter la situation de communication:

a] les circonstances de la communication

  • De quand date l'édition originale (en cas de doute se référer au copyright ©) ?
  • Qui est l'auteur ? Par quel canal de communication le texte vous est-il parvenu ? Par l'intermédiaire de qui ?
  • Dans quel contexte spatio-temporel s'inscrit-il, au moment de sa création ? de sa lecture ?

b] l'usage auquel le texte est destiné.

  • S'agit-il d'un texte intégral, d'un extrait, d'un condensé, d'une traduction ?
  • Pourquoi ce texte a-t-il été produit ? à quel public s'adresse-t-il ?
  • Ce texte était-il destiné à la publication ?

c] l'intention dominante

Quel effet ce texte vise-t-il à réaliser : informer, divertir, persuader ? Notez que ces intentions sont rarement isolées. Ce qu'il faut se demander c'est, par exemple, si l'anecdote plaisante racontée par le conférencier est l'essentiel de son message (son intention dominante est alors de divertir) ou si elle n'est qu'un outil au service d'un objectif de persuasion.

 

2. Dégager l'organisation générale du texte.

En ce qui concerne l'organisation de la phrase simple ou complexe, c'est une matière qui a été longuement étudiée au cycle inférieur.

Pour mémoire :

L'organisation du texte, c'est-à-dire la façon dont ses éléments (phrases "micro-organisation", paragraphes "macro-organisation") sont reliés entre eux est complexe.

Quelles sont ces relations ?

Quels procédés permettent de les installer ?

Les différentes relations sémantiques

Voyons d'abord quels types de relations créent des phrases complexes, font un paragraphe ou unissent deux paragraphes successifs :

Relations chronologiques

Le rapport au temps est tantôt objectif, tantôt relatif à d'autres éléments du texte. Dans ce cas les relations de temps s'utilisent pour installer des séries d'idées, d'arguments. C'est une des manières les plus fréquentes de structurer les textes surtout informatifs et persuasifs (d'abord, ensuite, après...). Commencez toujours par identifier les indicateurs de séries.

X puis Y

postériorité

X en même temps que Y

simultanéité

X avant Y

antériorité

Relations logiques

X causé par Y

cause

X provoquant Y

conséquence

X concédé, mais Y

concession

X restriction Y

restriction

X et Y

addition

Si X alors Y

condition / hypothèse

X afin que Y

but

X ou Y

alternative

X = Y

similitude

X &endash; Y

différence

X >< Y

antithèse

Relations d'énonciation

X citant Y

citation

X commentant Y

commentaire

Relations d'adaptation ou de modalisation

X paraphrasé par Y

reformulation

X exemple Y

exemplification, illustration

X comparé à Y

comparaison, analogie

X précisé par Y

précision, explicitation

Ces relations assurent la cohésion, la cohérence du texte.

 

Les différentes procédés de mise en relation.

Les relations sémantiques peuvent être établies par plusieurs procédés:

1. La mise en pages : titrage, découpage en parties, chapitres, actes, scènes, séquences, paragraphes hiérarchisent de manière plutôt visuelle les "paquets" d'informations.

2. Les annonces et les reprises renforcent également la cohérence du texte.

3. Les mots-outils : ce sont des mots qui servent exclusivement à marquer ces relations à l'intérieur du texte (d'abord, parce que, si, enfin...). Ce site vous propose un petit catalogue.

4. Les connecteurs sémantiques : Ce sont des mots à double fonction. D'une part ils remplissent une fonction interne à la phrase; d'autre part ils établissent une relation entre cette phrase et son cotexte.

EX. Si le pays est ami, voici ce que cela peut donner [...]
Le ton changerait dans le journal d'un pays ennemi [...]

La seconde hypothèse n'est pas signalée par un mot-outil comme dans le premier paragraphe, mais par le mode du verbe (conditionnel). En outre, le sens du mot changer exprime qu'entre les deux paragraphes est installée une relation de différence.

5. Les relations implicites : Il arrive aussi fréquemment que l'auteur d'un texte n'exprime pas explicitement ces relations. Dans ce cas, c'est le lecteur qui doit les établir.

Voici un exemple extrait d'un manuel scolaire, les relations implicites y sont signalées (par nous) au moyen de crochets.

Des signes dans le ciel

L'homme du moyen âge se laisse volontiers fasciner. [exemple] Il regarde les étoiles, vit le retour des saisons, suit le défilé des années. Voilà pour lui l'ordre du monde. [explication] Un ordre instauré par Dieu. Si un accident en perturbe le cours, c'est un présage. [hypothèse] Une éclipse, le passage d'une comète, l'éruption d'un volcan, des pluies torrentielles ? [similitude] Autant de troubles dans le ciel.[conséquence] Comment ne pas y voir la main de Satan ? [alternative] à moins que Dieu ne veuille mettre en garde l'humanité pécheresse ?

[changement d'énonciateur] Le XIe et le début du XIIe siècle sont familiers de ces parallélismes et de ces raisonnements par l'image.[cause] Toute l'éducation y prépare.

R. Noël & O. Sudan, Du XIe au XVIe siècle, Racines du futur,
T. II, Bruxelles, Didier Hatier, '91.

 

 
 

Plan de développement : la progression thématique.

La perception de l'organisation du texte en révèle l'architecture et permet au lecteur d'en dégager le plan de développement : progression thématique dans le paragraphe ou macrostructure pour la construction globale du texte.

De phrase en phrase, la progression du texte, surtout informatif ou persuasif, se fait par addition d'un rhème* (ou prédicat) à un thème* (ou propos). Le thème est, en principe, un élément connu du destinataire ou déjà évoqué dans le texte (intervalle-texte), le rhème apporte, lui, une information nouvelle. Attention, dans l'ordre de la phrase, le rhème peut parfaitement précéder le thème. Le développement apparaît selon quatre structures fondamentales (Combettes, 1988 et Dupont, 1994)

1. Progression à thème linéaire



 

Chaque thème est issu du rhème de la phrase précédente. Souvent il s'agit d'une partie seulement de ce rhème. *

L'entrée en première candidature est obligatoirement soumise à la réussite d'un examen d'admission. L'examen d'admission aux études de candidat ingénieur civil fait partie des Lois sur la collation des grades académiques et le programme des examens universitaires. Le programme est le même dans toutes les facultés de Sciences Appliquées belges.
(UniversCités)
 
 

2. Progression à thème constant.



 

Le même thème, éventuellement repris par des substituts divers, est enrichi de plusieurs rhèmes. *

A la fois compositeur et pianiste, Jean-Luc Fafchamps est fasciné par toutes les formes de la production musicale de notre temps. Il a pris part à des activités aussi diverses que la composition de musiques de scènes, la chanson française, le rock, l'improvisation collective et la musique contemporaine. Lors de cette soirée de fête, il invitera ses amis [...]
(Le Vif L'Express)
 
 

3. Progression à thème éclaté

Chaque sous-thème est un élément constitutif du thème principal ("hyperthème") qui peut ne pas apparaître explicitement. *



Les Simpsons sont une famille de crétins moyens, comme il en existe des milliers aux États-Unis et dans beaucoup de pays. Homer, le père, travaille dans une usine nucléaire, Marge, (sa femme), passe son temps à hurler et à protéger ses enfants jusqu'au délire. Parlons-en de ces enfants ! Lisa joue du sax en tirant une tête de plusieurs pieds de longs (elle a le blues) tandis que Bart, affreux jojo, tyrannise parents et amis tout en se prenant pour le nombril du monde. [...]
(Le Nouvel Observateur)
 

4. Progression combinée.

Dès que le texte atteint une certaine longueur, il présente le plus souvent une combinaison des trois types de progression.

Dessinez un plan à tiroir (chaque thème secondaire est placée sous le principal et décalé vers la droite). Vous ferez ainsi apparaître les principaux thèmes du texte. Le schéma sera encore plus efficace si vous y représentez aussi l'organisation (titrage, principaux mots-outils...). Notez aussi l'emplacement des exemples et des paraphrases* et les éventuelles ruptures de progression.

 

* Tous les éditeurs ne sont pas également scrupuleux, les textes présentent assez souvent des incohérences typographiques et on ne peut se fier a priori au découpage en paragraphes, au jeu des alinéas, des tirets...
 

3) Relever les aspects particuliers de l'énonciation.

Pour parler ou écrire nous avons le choix entre deux types d'énonciation, celle dite de l'historien ou celle dite du commentateur. Le premier efface, dans le message, les traces du sujet parlant et des circonstances de la communication (é. historique); le second (é. discursive) manifeste la situation particulière de communication par des indices (emploi de la 1e et de la 2e personne, usage du présent, présence de déictiques*).

En outre, celui qui produit un texte crée consciemment, ou laisse se former malgré lui dans le texte, une image de lui-même ("énonciateur") et une image du lecteur ("énonciataire") qu'il est intéressant de mettre en lumière.

Dégagez ces aspects de l'énonciation. Voyez quel type de relation l'auteur tente d'imposer (supériorité, infériorité, fusion, distance,...)

Le registre de langue (on dit parfois niveau de langue mais cela suggère une hiérarchie, un jugement...) révèle aussi le type de relation installée entre l'auteur et le lecteur.

Le registre argotique se caractérise par l'utilisation de mots et de structures en usage seulement dans un groupe social déterminé.

Le registre populaire se reconnaît aux tournures utilisées par les personnes peu cultivées.

Le registre familier est celui de la conversation avec des proches.

Le registre courant est celui de la conversation avec des personnes que l'on ne connaît pas.
C'est ce niveau qui sert de référence

Le registre soutenu apparaît dans la conversation avec des supérieurs ou des gens envers qui on veut montrer de la déférence.

Le registre littéraire correspond à des tournures particulières à la langue écrite.

 

4) Interpréter les unités lexicales, morphologiques et syntaxiques.

Examiner le mot-même (morphologie : affixes, racine), connaissances personnelles sur ce mot et son cotexte* (atmosphère générale, phrase ou expression). (Giasson, 1990)

Interpréter correctement les marques syntaxiques. Voyez, par exemple, l'importance du e muet dans cet énoncé de mathématique:

[...] le double de la hauteur diminuée de 2.

Pour donner du sens aux mots, plusieurs stratégies sont possibles :

 

 

5) Associer la dimension non verbale pour construire du sens; relier les informations visuelles à celles que donne le texte.

Le texte oral s'accompagne de gestes et d'attitudes quelquefois plus parlantes que les paroles elles-mêmes. L'écrit, lui, s'enrichit souvent d'images (schémas, photographies, graphiques, dessins) Reportez-vous, si nécessaire, aux pages consacrées à la lecture des images et reliez les informations visuelles à celles que donne le texte pour construire du sens.

 

6) Identifier le système des valeurs.

Il s'agit ici de chercher sur quels choix idéologiques repose le texte. Le regard qu'il propose (impose) sur le réel, les éléments qu'il propose à la réflexion ou passe sous silence, les jugements qu'il émet sur des thèmes, des actions... Décoder les valeurs proposées par le texte est indispensable pour servir de base à un commentaire ultérieur. Sans passer par une analyse idéologique approfondie, vous pouvez déjà observer les aspects connotatifs.

 

7) Relier les informations à celles dont on dispose dans sa mémoire de manière à élaborer des significations.

La lecture ne se réduit pas à un simple déchiffrement des sons et des lettres. Elle demande une appropriation. Cela signifie entre autres (GIASSON, 1990):

  • reconnaître l'idée principale (à distinguer du sujet du texte);
  • multiplier les hypothèses, les interprétations et les vérifier;
  • élargir le sens;
  • pratiquer des inférences;
  • réagir affectivement;
  • réagir rationnellement
    • en distinguant les faits et les opinions;
    • en évaluant les sources;
    • en distinguant les aspects dénotatifs et connotatifs.