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Voici une réalisation d'élève.

et l'opinion du professeur.

Contexte

Jacqueline T. ( 16 ans) est en terminale, option Langues Modernes-Latin. Elle a rédigé ce texte lors des examens de décembre 2000. Comme ses condisciples, elle a reçu vers 9 heures 6 articles de ± 450 mots présentant différents points de vue sur la mondialisation de l'économie. Ces six textes avaient été publiés dans le journal La Libre Belgique du 21 / 11 / 2000. La consigne était d'en choisir trois et de les confronter. Les élèves pouvaient utiliser tous les documents qu'ils avaient apportés : cours, dictionnaires... Ils savaient quelle tâche leur serait imposée mais ignoraient, par contre, le sujet précis de la confrontation. A midi il fallait remettre sa copie.

Après évaluation, Jacqueline T. a dactylographié et légèrement retouché sa copie (erreurs orthographiques) en vue de la publication sur Fralica.

La mondialisation tuera-t-elle notre spiritualité ?

Actuellement, la primauté de l'économie est au cœur de la polémique. Trois de ses nombreux détracteurs pointent du doigt les conséquences désastreuses de la mondialisation, à long terme : inégalités sociales, remise en question de la démocratie, uniformité ethnique… Mais, en définitive, le constat le plus désolant auquel M. Dussenne, S. Sivaraksa et M. Infeld aboutissent, est la menace que représente cette mondialisation pour notre foi.

Une mondialisation inévitable ?

Telle est la position du président de Belgacom, M. Dussenne, qui estime que tout un chacun est victime d'une société où les capitalistes font la loi du marché. S. Sivaraksa souligne également que "le nouveau système de valeur réduit les êtres humains à être à la merci de l'avidité".

Un projet risqué

Pour les trois opposants, les risques du capitalisme industriel ne sont pas des moindres. M. Dussenne pense qu'à long terme, la mondialisation accentuera les inégalités sociales, endommagera l'environnement et aura des effets non négligeables sur les plans économiques et humains. De ce fait, seuls les consommateurs et les actionnaires y trouveront leur compte. (sic) Henri Infeld, à l'instar de M.Dussenne, craint que le pouvoir aux capitalistes n'altère démocratie et progrès social. S.Sivaraksa, quant à lui, ne mâche pas ses mots : il prétend que les structures sociales du système économique global sont responsables, directement, de l'exploitation et des inégalités sociales.

Arrêt de mort de la foi ?

Les trois auteurs arrivent tous à la même conclusion : mondialisation de l'économie et religion sont incompatibles. D'abord, M.Dussenne expose au lecteur son point de vue catholique: le monothéisme se méfie de l'idolâtrie, dès lors, il doit redouter un marché à dimensions mondiales qui aurait tendance à s'afficher comme un système de production d'éthique. Dans cette lignée, le Juif, H.Infeld, cite un extrait de la Torah, celui de la Tour de Babel. Cette métaphore de la mondialisation veut montrer au lecteur qu'à long terme, la société risque de considérer Dieu comme superflu. De même, S.Sivaraksa, en qualité d'activiste bouddhiste, souligne que le culte de l'argent, de la science et du progrès technique rend les peuples de plus en plus matérialistes c'est pourquoi les religions n'auront sans doute plus de raison d'être pour beaucoup de personnes.

" Citoyens, mobilisez-vous ! "

Les trois opposants de la mondialisation estiment qu'à la place d'être une "victime de la société", chacun doit réagir face à cette économie, maîtresse du monde. D'une part, M.Dussenne et S.Sivaraksa avancent, tous deux, des arguments religieux: le président de Belgacom invite les hommes de foi à "renverser le veau d'or que constitue l'idéologie du marché", tandis que le traducteur incite le lecteur à "emprunter un chemin différent que celui qui nous est offert par le capitalisme". Il faudrait que chacun exalte sa foi en réaction à cette nouvelle conception de l'économie, fondée sur un individualisme exacerbé, si l'on en croit les deux auteurs. D'autre part, H.Infeld exploite un autre créneau : "La dignité humaine se définit bien plus par sa singularité que par son appartenance à un collectif". Dès lors, il ne faudrait pas accepter ce concept "d'économie uniforme", mais plutôt revendiquer son droit à la différence.

Pour ma part, je suis d'avis que la mondialisation de l'économie risque d'avoir des conséquences désastreuses sur le monde. D'abord, le fossé riches &endash; pauvres va se creuser davantage, étant donné la concurrence entre les producteurs d'un même produit. Les petits exploitants par exemple ne sont pas de taille à lutter contre les gros, dès lors, c'est la faillite assurée. D'autre part, j'appuie l'argument d'H.Infeld et j'estime moi aussi que chaque région doit avoir ses produits locaux, ses plats typiques… Enfin, je crois qu'il faut préserver les diversités culturelles et non rechercher le profit au détriment du développement humain et spirituel.

En conclusion, la mondialisation ne fait pas que des heureux. Les trois auteurs ont démontré que l'homme peut avoir mille et une raisons d'empêcher cette uniformisation de l'économie qui conduirait, selon les trois opposants, à notre asservissement personnel et spirituel. Les hommes sont-ils prêts à défendre leur foi ou préfèrent-ils le profit ?

Jacqueline T.

L'opinion du prof.

Ce texte réalisé dans un temps court m'a séduit par sa clarté et sa fluidité.

Avec davantage de temps, un élève de terminale pourrait aller plus loin dans la comparaison des différentes argumentations.

Dans les circonstances d'un examen sur une matière découverte le jour même, cette élève a réussi, me semble-t-il, à composer une confrontation assez fidèle, très lisible, exploitant les ressources de la grammaire du texte.

Cette rédaction a été notée : sur 25 attribués.

janvier 2001

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