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La chaîne du livre

De l'auteur au lecteur, le livre passe par les soins attentifs de plusieurs métiers : éditeur, imprimeur, brocheur-relieur, diffuseur, libraire, bibliothécaire voire bouquiniste.

L'auteur

L'éditeur

L'objet-livre

La distribution

Le champ littéraire

livres et sites

C'est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule.

(Jean de La Bruyère).

L'auteur

L'auteur d'un livre peut travailler vite (Simenon : 15 jours) ou élaborer son oeuvre durant des dizaines d'années à coups de brouillons successifs. Certains (rares) sont écrivains professionnels, ils vivent de leur plume. La grande majorité, exercent une autre activité professionnelle qui les nourrit.

Lorsque l'auteur décide de faire publier son œuvre il fait enregistrer, lui-même ou par l'intermédiaire d'un agent littéraire, son oeuvre auprès d'une société d'auteurs. Il détient alors un droit exclusif de publication appelé copyright (©). Il adresse ensuite son manuscrit (on dit aussi tapuscrit s'il est dactylographié) à un ou plusieurs éditeurs. Le manuscrit est autographe quand il est écrit de la main de l'auteur, allographe dans les autres cas.

Si son livre se vend, l'auteur perçoit entre 10 et 12 % du prix hors taxes des livres réellement vendus (ceci exclut les exemplaires offerts, le service de presse, les invendus, les livres abîmés…) Ces droits d'auteur ne lui seront versés qu'un an après la publication. Entre-temps, l'éditeur peut lui verser un à-valoir, acompte sur les droits.

C'est Beaumarchais qui, le premier, a obtenu de faire respecter les droits des gens de lettres en créant la Société des Gens de Lettres.

Société des auteurs et compositeurs dramatiques.
En 1791, Beaumarchais obtint une loi défendant de jouer un ouvrage dramatique sans la permission écrite de l'auteur; puis il forma avec tous ses confrères, une association où furent arrêtés les tarifs fixant les droits de représentation tant à Paris qu'en province. […] La société fut régulièrement constituée en 1829; elle a pour objet:
1° la défense mutuelle des droits des associés vis-à-vis des administrations théâtrales;
2° la perception à moindres frais des droits des auteurs et la mise en commun d'une partie de ces droits;
3° la création de fonds de secours au profit des associés;
4° la création d'un fonds commun de bénéfices partageables. (Larousse du XXe siècle)
 

Une personnalité connue peut donner sa caution à l'œuvre auprès de l'éditeur et des lecteurs en acceptant de la préfacer.

L'auteur dispose d'un pouvoir total et sans partage sur son texte. Avant de commencer la production proprement dite, l'imprimeur réalise une épreuve ou placard que l'auteur annote de sa main (correction autographe) ou fait corriger. Parfois plusieurs épreuves sont nécessaires avant que l'auteur signe le "bon à tirer". Il peut aussi décider de se dissimuler sous un pseudonyme.

L'éditeur, quant à lui, choisit pour des raisons commerciales, et parfois seul, la collection, la présentation, l'illustration de couverture. Il décide aussi de la mise en pages et du choix de la typographie.

Certains éditeurs commandent des livres destinés à une collection à des auteurs à qui ils fournissent des canevas imposés.

Il arrive que des auteurs connus (A. Dumas, par exemple) signent un ouvrage ébauché ou écrit anonymement par un nègre.

L'édition

Lorsqu'un éditeur, conseillé par un comité de lecture, accepte un manuscrit, il signe avec l'auteur un contrat d'édition qui définit le pourcentage de la vente du livre qui sera attribué à l'auteur.

L'éditeur prend alors en charge la fabrication et la promotion du livre.

Il confie la confection du livre à un imprimeur, opère des choix typographiques et décide d'un tirage : le nombre de livres qui seront imprimés en une fois. C'est une prise de risque importante, si le tirage est important, le prix de revient de chaque exemplaire est plus bas, mais l'éditeur doit payer à l'imprimeur les invendus; par contre, si le tirage est trop faible mais que le livre se vend bien, il devra commander un nouveau tirage plus coûteux (réalisé toutefois à partir d'un film existant) et ainsi diminuer sa marge bénéficiaire.

C'est l'imprimeur qui appose sur le livre son numéro de dépôt légal.

Imprimé, le livre est conditionné et stocké chez un diffuseur tandis qu'un distributeur l'acheminera jusqu'à la librairie ou vers une grande surface de vente.

Comme le livre est aussi une marchandise, l'éditeur s'occupe aussi de sa promotion: publicité, dédicaces, salons, participation aux prix littéraires : Académie Française, Goncourt, Renaudot, Femina, Médicis… En Belgique : Rossel, Goncourt des lycéens.

Une partie de la production ne procurera aucun bénéfice : service de presse (= distribution gratuite aux journalistes, critiques…), livres abîmés, invendus…

L'éditeur attribue une numéro ISBN : International Standard Book Number à chaque oeuvre.

Après une première édition, si le livre obtient du succès (best-seller), il peut connaître une seconde carrière dans un format de poche, moins cher : Livre de Poche, Folio, Presse Pocket, J'ai Lu, Points Seuil, Biblio…) Des clubs de lecture rachètent les droits et diffusent le livre auprès de leurs adhérents.

Quelques éditeurs connus :

France : Gallimard, Denoël, Albin Michel, Grasset, Hachette, Fayard, Hatier, Larousse, Flammarion, Actes Sud
Belgique : De Boeck, Labor, Luc Pire, Le Cri, Mardaga, Casterman.

Quelques collections prestigieuses : La Pléiade, Le Masque... ou plus courantes Harlequin, Chair de poule...

L'objet-livre

Les parties du livre en schéma.

"Assemblage d'un assez grand nombre de feuilles portant des signes destinés à être lus. […]
Volume imprimé d'un nombre assez grand de pages (opposé à brochure, plaquette), à l'exclusion des périodiques (opposé à revue)."

(Petit Robert)


source inconnue

Le livre que nous tenons habituellement dans nos mains comporte des feuillets collés ou cousus par cahiers, il est entouré d'une couverture parfois agrémentée d'une jaquette, feuillet amovible parfois illustré, qui la protège ou la met en valeur. Pour accroître les ventes, l'éditeur place parfois autour de la couverture une bande pliée souvent de couleur rouge.

La première de couverture mentionne habituellement le nom de l'auteur, le titre de l'œuvre et le nom de l'éditeur. Elle est parfois illustrée.

Ces mentions figurent d'ordinaire aussi sur le dos qui unit les deux plats du livre. La tranche, presque toujours rognée (coupée pour lui donner un aspect lisse), parfois dorée, est le coté ouvert, opposé au dos du livre.

La quatrième de couverture remplit surtout une fonction d'incitation à l'achat : résumé-apéritif, notice biographique, photo de l'auteur, citations de presse…

La page de titre mentionne les données exactes et complètes, les références du livre dont on se servira pour l'identifier: nom de l'auteur, titre de l'œuvre, nom de la collection, maison d'édition, et, au verso, la date de l'édition originale et des tirages successifs, le numéro de dépôt légal et le code ISBN.

Certains propriétaires de livres apposent sur une des premières pages un ex-libris à leur nom.

La fabrication du livre comprend diverses opérations: dactylographie, filmage, impression, brochage ou reliure, conditionnement, stockage.

Diamond Sutra, le plus ancien imprimé daté est chinois, il date de 868. On peut le dérouler sur le site de la British Library.

La découverte de l'imprimerie en Europe est attribuée au strasbourgeois Gutenberg vers 1450. Et les rares livres imprimés avant 1500 portent le nom d'incunables. Pour plus de détails sur l'histoire du livre, cliquez ici.

Né à Mayence entre 1394 et 1399, l'orfèvre allemand Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, travaille, à Strasbourg, à la mise en pratique des caractères mobiles pour l'impression. Il revient à Mayence en 1448 et s'associe avec Schoeffer et Fust. Le premier, grâce à un alliage de plomb et d'antimoine, fond les caractères métalliques (qui étaient gravés auparavant). Le second, banquier, avance l'argent nécessaire à l'investissement.

Gutenberg travaille alors à ses Bibles. Mais en 1455, Fust fait saisir l'atelier d'imprimerie, car Gutenberg ne peut le rembourser. En 1457, est édité le premier livre d'imprimeur, le Psalterium, au nom de Fust.

Gutenberg est ruiné. Il meurt dans la misère en 1468.

La distribution

Le livre est acheminé vers le lecteur selon plusieurs canaux:

Le libraire vend les livres neufs qu'il a en stock. Il peut aussi commander des ouvrages. Il suffit pour cela de lui donner des références complètes : Nom de l'auteur, titre, éditeur et collection, date.

Le livre peut aussi s'acheter par correspondance sur Internet ou par adhésion à un club de lecture (France-Loisirs, Belgique-Loisirs).

Les bibliothèques prêtent les livres au public. Elles disposent d'un vaste fonds facilement accessible. Dans une bibliothèque, les ouvrages sont classés par catégories. C'est la classification décimale universelle. (CDU) En Communauté française de Belgique, toutes les bibliothèques publiques utilisent le système de classification CDU pour octroyer une cote (une adresse) aux documents.

La CDU ou Classification Décimale Universelle répartit les connaissances humaines en une multitude de sections et de sous-sections.

Exemple : 611.34
6 TECHNIQUES (classe)
61 Sciences médicales (sous-classe)
611 Anatomie humaine (section)
611.3 Organes de l'appareil digestif (sous-section)
611.34 Intestins

Depuis le 16e siècle, chaque livre publié doit être déposé à la Bibliothèque Nationale (Bibliothèque Royale en Belgique), c'est le dépôt légal.

Enfin l'amateur de livres ou bibliophile, aime à fureter dans les caisses des bouquinistes, vendeurs de livres de seconde main.

Le champ littéraire

champ littéraire : concept issu de la sociologie de la littérature et renvoyant à un système fait de relations entre différents agents (auteurs, éditeurs, libraires et autres diffuseurs, critiques littéraires et médias, prix littéraires, discours scolaire). Selon cette approche, la valeur donnée à un texte littéraire est le produit des luttes internes au champ. La valeur attribuée à une œuvre, un auteur, un courant… peut varier au cours de l'histoire (perspective diachronique) ou selon les agents du champ et leur position au sein de celui-ci (perspective synchronique). Deux pôles structurent le champ en fonction de valeurs symboliques et économiques dans un marché : la production restreinte / la production élargie (ou de masse). (Programme Fesec, 2e degré, 2002)

 

La double face économique / symbolique.

Extrait de S'approprier le champ littéraire

Chaque livre comprend un double aspect: c'est à la fois une marchandise qui se vend, s'achète, se monnaye comme d'autres marchandises dans une économie réglée par les lois du marché; mais c'est aussi du texte, du papier imprimé de signes qui produisent du sens. Tout livre comprend donc une double face économique et symbolique. Il en va des livres comme de tout bien culturel: des disques, des tableaux, des films, etc.: objets de transactions marchandes et de production / consommation de sens.

Le double aspect des livres va caractériser l'ensemble des relations qui se nouent entre les divers agents (auteurs, éditeurs, distributeurs, lecteurs) qui participent à la production et à la consommation littéraires. Le champ culturel, qui n'est autre que l'état de ces relations à un moment donné de l'histoire, sera en effet structuré autour des deux pôles économique et symbolique. Ainsi, certains livres se présentent comme s'il s'agissait de faire oublier leur aspect marchand: les couvertures sont dépouillées, le plus souvent sans image; la publicité qui est faite autour d'eux est discrète, attire l'attention sur la qualité de l'écriture. D'autres livres répondent, eux, à une stratégie inverse: tout se passe alors comme s'il s'agissait d'attirer un public vers l'achat d'un livre qui est généralement un best-seller.

Les livres, tous constitués de la double face économique / symbolique que nous évoquions, sont néanmoins mis dans le circuit commercial selon des modalités différentes. Soit l'aspect symbolique est mis en évidence, lorsque le livre appartient à la sphère de production restreinte; soit l'aspect économique domine lorsque l'on a affaire à un livre de la sphère de grande production. De manière plus générale, le tableau qui suit permet de se faire une meilleure idée des caractéristiques des deux réseaux de production :

PRODUCTION RESTREINTE
GRANDE PRODUCTION

1) Dénégation de l'économie, recherche d'un capital symbolique.

Soumission à l'économie, recherche d'un capital économique.

2) Refus de toute promotion tapageuse (relations publiques, confidences, colloques).

Techniques de promotion, publicité, marketing, pressions, jaquettes tapageuses

3) Cycle de production long, pas de marché présent, acceptation du risque.

Cycle de production court, minimalisation des risques, rentrée rapide des profits et obsolescence rapide des produits.

4) Cible visée: les producteurs, les pairs, les fractions intellectuelles de la classe dominante.

Cible visée: le "public", les fractions non intellectuelles de la classe dominante (" public cultivé") et les autres couches sociales.

5) Espoirs: reconnaissance des pairs, succès différé et durable > classique

Espoirs: succès immédiat et temporaire > best-seller.

6) Produit sa demande, conteste et détruit les normes en vigueur, recherches formelles.

Ajustement à une demande préexistante, soumission aux normes dominantes: thèmes, stéréotypes, modes d'écriture; produit socialement quelconque, gommage des clivages.

7) Recherche d'une prise de pouvoir, de la légitimité culturelle.

Soumission aux instances en place; ou refus de s'y soumettre. Assurance de sa propre légitimité.

8) Auteur se voulant libre, inspiré et novateur.

Auteur subordonné aux détenteurs des moyens de production et de diffusion et aux attentes du public.

9) Éditeur se voulant libre, inspiré et novateur.

Éditeur se présentant comme homme d'affaires.

10) Critique, suspectant le succès.

Critique faisant du succès sa valeur.

Sito- et bibliographie

Merci à Georg De Cooman et à Fabien Jacques pour leur collaboration.

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Mise à jour 05.12.2007