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( ) Pour vivre, il faut lire beaucoup. De quelle autre manière pouvons-nous être en contact avec tous les autres et plus seulement avec nos proches, avec ceux qui nous plaisent, avec ceux qui nous entourent au travail. Comment mieux appréhender l'évolution du monde: son passé, son évolution, ses futurs? Qui nous fera mieux comprendre les idées qu'un livre?
Si l'on veut arriver à la
jouissance artistique, il ne suffit jamais de vouloir consommer
confortablement et à peu de frais le résultat d'une
production artistique; il est nécessaire de prendre sa part de
la production elle-même, d'être soi-même, à
un certain degré, productif, de consentir une certaine
dépense d'imagination, d'associer son expérience propre
à celle de l'artiste ou de la lui opposer, etc. (...)
L'oeuvre d'art n'apprend pas seulement à observer avec
justesse, avec profondeur, en totalité et avec du plaisir
l'objet précis que l'on modèle, mais aussi d'autres
objets. Elle apprend à observer en
général.
Il y a des peintres qui transforment un soleil en point jaune et d'autres qui transforment un point jaune en soleil.
Si le théâtre ne nous dérange pas, s'il ne nous met pas en crise, s'il ne renouvelle pas notre regard sur le monde, s'il n'est pas à l'écoute de ceux qui ne parlent pas, alors qu'il disparaisse.
Au sortir du collège, j'ai regardé les sciences, j'aspirais à tout; j'ai fait des herbiers, j'ai suivi des cours de langues orientales, mais j'aime mieux l'art: l'art; est plus complet. Le savant sait que dans cinquante ans, on ira plus loin que lui. Il est dans l'antichambre de la nature; quelquefois la porte s'entrebâille, il voit une magnifique échappée, mais on ferme la porte en lui disant :"assez pour vous, le reste est pour les autres".
Un poète est celui qui inspire, non celui qui est inspiré.
L'art ne sert à rien s'il se résume à n'être qu'une voie d'évasion, de distraction. Sa vraie vocation, c'est de nous mettre face à nous-mêmes, face à notre propre mystère.
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