Comment
composer un texte pour convaincre ?
Plusieurs difficultés communes se présentent :
- faire d'une proposition un argument solide,
- hiérarchiser les arguments,
- se représenter les thèses de la partie adverse,
- les réfuter en évitant les pièges les plus prévisibles
:
- le sophisme, erreur de raisonnement intentionnelle (définition
incorrecte, analogie trompeuse, ignorance ou connaissance incomplète
des faits, par exemple), appelé paralogisme lorsque les
erreurs sont réputées involontaires.
- La pétition de principe est une autre faute logique par
laquelle on tient pour admise, sous une forme un peu différente,
la proposition même qu'il s'agit de démontrer; c'est un raisonnement
qui prétend prouver une thèse en s'appuyant sur les principes
mêmes de cette thèse ("Il faut vous battre parce
que la vie est une lutte").
Notons par ailleurs que le texte argumenté atteint son maximum d'efficacité
lorsque les arguments de la partie adverse (contre-arguments) y sont intégrés
et réfutés, ce que ne font pas spontanément les élèves.
Il revient au professeur d'indiquer à l'élève le type
de texte demandé ainsi que son destinataire réel ou fictif; éléments
indispensables pour développer une persuasion ajustée, efficace.

Recommandations
générales
- Avant de rédiger un texte argumentatif, précisez exactement
la conclusion que vous voulez faire admettre. Qu'elle soit mentionnée
explicitement ou non dans votre texte, il est indispensable de la formuler
pour vous-même de manière extrêmement précise. La
formulation écrite de votre thèse vous évitera
de vous égarer dans des digressions maladroites.
- Dessinez le profil de votre destinataire. Représentez-vous
ses attentes, ses résistances. Les publicitaires, dans leur langage
métaphorique, appellent cela le ciblage. Cette opération prend
un certain temps et demande soit une observation rigoureuse du destinataire
réel, soit un effort d'imagination, s'il s'agit d'un destinataire fictif.
Prévoir les contre-arguments que la partie adverse, réelle ou
fictive, est susceptible d'avancer permet de s'y préparer. Un argument
bien réfuté est, en effet, difficile à réintroduire
dans le débat.
- Assurez la solidité de votre argumentation.
Vos différentes propositions doivent satisfaire à plusieurs
critères (fond, pertinence, recevabilité).
La proposition est fondée lorsqu'elle
est vérifiable, exacte, lorsque les faits qu'elle énonce
sont établis. |
La proposition est pertinente lorsqu'elle
se rapporte à la conclusion qu'elle vise à faire
admettre, c'est ainsi que l'énoncé "le tabac est
une plante" peut servir d'argument pour défendre l'idée
que la nature recèle des dangers, mais non pour nier les
dangers du tabagisme. |
La proposition est recevable par
l'auditoire quand elle est ajustée aux personnes et aux
circonstances. Lorsque l'interlocuteur se montre peu réceptif,
distrait, sur la défensive, certains procédés
de renforcement peuvent être utilisés :
- amplification : au moyen de la paraphrase .
- dramatisation : énonciation dans des termes à
fort pouvoir émotif.
- valorisation : énonciation dans des termes péjoratifs
ou mélioratifs.
- explicitation : adjonction d'informations censées
en assurer une meilleure compréhension.
- figuration : énonciation selon les formes des figures
de style.
|
La réfutation d'un argument
revient à accomplir la démarche inverse, à
le ravaler au niveau d'une simple proposition non fondée,
non pertinente ou irrecevable donc inapte à valider la
thèse. |
|
- Lorsque vous aurez dressé le catalogue des arguments
(la typologie des arguments
présente les plus fréquents avec les stratégies qui les
développent ou les réfutent), sélectionnez les plus forts,
c'est-à-dire ceux qui seront difficilement réfutés par
la partie adverse.
- Il n'est pas toujours indiqué de formuler explicitement la
thèse que l'on souhaite faire admettre. La publicité,
par exemple, la passe souvent sous silence. C'est que, lorsque le destinataire
d'un texte est averti de la démarche de persuasion dont il est l'objet,
il a tendance à se mettre en garde, à se défendre. Aussi
est-il quelquefois préférable de conduire adroitement le destinataire
à formuler lui-même la conclusion.
- Si vous avez opté pour un texte suivi, composez des paragraphes
autour de chaque argument important.
On trouve souvent cette structure :
articulation avec le paragraphe précédent,
annonce de l'essentiel du paragraphe : thème + rhème,
développement, énoncé détaillé
de l'idée privilégiée,
illustration par des faits, des exemples, des citations,
affirmation définitive,
transition vers le paragraphe suivant.
- Lorsque le "corps" du texte est ainsi composé, rédigez l'attaque
et la clôture. Ces deux paragraphes reprennent des
éléments des informations les plus importantes (l'essentiel).
- Ensuite installez le titrage : titre, intertitres, chapeau...
- A présent il vous reste à travailler le style
pour rendre le texte agréable à lire.

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