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Composer un récit

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Conter est sans doute une des plus anciennes manifestations du désir de comprendre les choses, d'exorciser les peurs, de prendre du pouvoir sur des phénomènes hors de notre portée. D'autre part, plus simplement, grands mythes ou histoires drôles participent à ce plaisir d'attirer l'attention d'un auditeur, d'un lecteur pour le surprendre, pour le rejoindre aussi dans une émotion partagée ou un éclat de rire en commun.

Il ne suffit certes pas des quelques notions élémentaires qui suivent pour devenir conteur de talent, elles peuvent néanmoins vous être utiles pour arriver à produire un résultat sinon génial, du moins satisfaisant pour un exercice scolaire.

Le plus difficile sera toujours de démarrer. Commencez, par exemple, à partir d'un décor particulier, d'un personnage, ou d'un événement, mais de toutes façons, d'un schéma très simple. (L'étape ultérieure de la composition permettra de revenir sur l'agencement de la narration.)

Et puis, mettez-vous à écrire sans vous arrêter : chercher à obtenir d'emblée un résultat parfait serait le plus sûr moyen de rester paralysé devant la page blanche.

Les constituants essentiels du récit

Intrigue

Inventez une situation initiale en déséquilibre (éventualité ) et rétablissez en finale un équilibre (pas nécessairement heureux !) Rappelez-vous, si nécessaire, le schéma de Cl. Bremond illustrant une logique narrative :

Faites en sorte que le lecteur attende (espère / craigne) une éventualité.

Variez les progressions de l'intrigue, la monotonie ne suscite pas l'intérêt du lecteur ! Si vous élaborez une intrigue complexe, il est bon, l'histoire littéraire nous l'apprend, que les actions secondaires reflètent la principale en mode mineur. Veillez particulièrement dans ce cas aux enchâssements et aux enchaînements.

Personnages

Les personnages ont un physique, une histoire, une identité et une personnalité. A chacun ses particularités : une façon de parler, un niveau de langue, autant de signes qui dessinent l'image qu'en donne son créateur. Créez-les complets, mais ne conservez dans le texte que les traits utiles : le personnage n'est pas le résultat d'une addition d'éléments divers, il a une logique. Un ou deux traits saillants suffisent souvent à le camper En ce qui concerne le portrait, la même démarche s'impose. Dans les personnes que nous rencontrons, une multitude de détails se présentent à nous grâce à quoi nous pouvons les reconnaître entre mille autres. Un personnage littéraire, par contre, peut être réduit à ses traits significatifs. Qu'il s'agisse d'une biographie ou d'un court paragraphe descriptif, il est inutile de noter le groupe sanguin ou la pointure d'un personnage, sauf si cela sert l'intrigue (roman policier, par exemple). Cependant, il sera très fécond de rechercher une idée maîtresse qui servira de fil conducteur : trait de caractère représenté par une particularité physique : regard, chevelure, silhouette, claudication, tic, bégaiement, par exemple.

Décors

Chaque espace décrit, chaque détail doit être adapté à la scène que vous voulez y situer.

Le décor sera rendu perceptible par la sollicitation des différents sens de votre lecteur : vue, ouïe, odorat, toucher, goût. A vous de voir quel registre vous souhaitez privilégier.

Lorsque dans un récit vous souhaitez évoquer un milieu humain, une région, un sport, une industrie que vous connaissez mal, il est absolument indispensable de vous documenter au préalable pour utiliser les termes qui conviennent et éviter les erreurs qui seront difficilement pardonnées par un lecteur averti.

Déroulement du temps

Inventez un cadre temporel précis, ce qui ne veut pas dire qu'il faille le transcrire intégralement dans la rédaction ! Évitez les anachronismes (sauf si le choix est délibéré!)

Les choix de narration

L'auteur dispose d'une vaste palette d'options narratives. Elles sont exposées dans le modèle de lecture n° 1.

L'ordre narratif

L'ordre selon lequel vous disposez les éléments de l'intrigue peut être linéaire, c'est la construction la plus simple, la plus courante. Rien ne vous empêche cependant de présenter les événements selon un ordre différent, plus surprenant, plus difficile. Commencez, par exemple, par l'une des transformation, ou par une scène d'action, un dialogue.

La représentation du temps.

Ici aussi, si vous optez pour un récit qui ne suit pas l'ordre chronologique, si vous ménagez des flash-back, des ellipses, des anticipations, veillez à baliser le texte de peur que votre lecteur s'égare dans la succession des événements.

Choisissez de situer votre narration comme antérieure, simultanée ou postérieure aux événements que vous racontez. La narration peut aussi être intercalée entre les événements comme si le récit était composé en plusieurs fois, par étapes.

Si vous choisissez le présent de narration, votre récit sera plus vivant, le lecteur aura l'impression de découvrir l'histoire en train de se produire. Si vous préférez le passé, le lecteur sera plus passif, plus distant des faits. Vous pouvez aussi alterner les emplois mais il est alors extrêmement important de prévoir les difficultés du lecteur et de l'aider à chaque rupture.

La représentation de l'espace

La toile de fond sur laquelle évoluent les personnages s'appelle, dans le récit comme au théâtre, le décor. Mais il est aussi actif dans le récit.

Dans n'importe quel récit, le décor, réel, est toujours le fruit de l'imagination et de la sélection de l'auteur. La séquence descriptive peut proposer un décor totalement invraisemblable, surréaliste et faire "décoller" le lecteur du plan de la réalité (surréalisme ) ou au contraire vraisemblable, réaliste, cherchant à donner l'illusion d'un monde réel (réalisme ).

En ce qui concerne les personnages, le temps ou le décor, sélectionnez les traits utiles et dispersez-les au fil du texte. A moins que vous ne choisissiez, comme les écrivains du XIXe siècle, d'installer des "blocs" descriptifs. Veillez à ne pas mettre en contradiction plusieurs séquences de votre récit. Sauf, bien sûr, si votre projet est de sortir des sentiers battus, si vous cherchez la fantaisie, le surréalisme.

La focalisation

Qui sera le narrateur de votre histoire ? Quel sera son rapport aux personnages ? Sera-t-il le même ou changera-t-il au cours du récit ? A travers les yeux de qui sera "vue" votre histoire ?

La modalisation

Cherchez-vous à faire vrai (illusion) ou à présenter explicitement le récit comme une fiction ou comme le témoignage d'un médiateur ? Est-il plus approprié de représenter le narrateur ? Vous opterez pour l'illusion ou l'allusion.

La voix narrative.

Le récit écrit en IL maintient une distance entre le lecteur et les personnage. Le récit en JE/NOUS impose l'identification. Le récit en TU/VOUS impose une relation très étroite entre l'auteur et le lecteur.

Les modes de présentation.

Si vous ne réalisez pas un récit où le temps de lecture correspond au temps de la fiction, vous alternerez sans doute relation et représentation en réservant ce dernier mode aux moments importants de votre récit.

Rédiger

Votre récit sera dit ou écrit. Après la phase d'invention, appliquez-vous dès lors à le toiletter.

Pour commencer la rédaction mille possibilités se présentent à vous : un plan d'ensemble, un gros plan, un repère temporel, le portrait d'un ou de plusieurs personnages. Vous pouvez aussi présenter une action, une phrase ou un événement mystérieux, insolite (amorce), énoncer une vérité générale, une question, une phrase-signal : Il était une fois... Chacun de ces procédés produit un effet particulier.

Composer

Restez cohérent dans tous les discours directs, préférables, en général, aux discours indirects. La façon de parler d'un personnage, même si celui-ci s'adapte aux circonstances, obéit à une constante.

Aérez le texte par des paragraphes.

Annoncez les événements longtemps à l'avance mais de façon discrète, par des signes annonciateurs de l'évolution ultérieure de l'intrigue. Vous pouvez aussi égarer le lecteur par des fausses pistes.

D'une façon ou d'une autre, rappelez l'introduction dans la conclusion (boucle).

Précisez les notations générales mais supprimez les détails inutiles. Créez des images mentales, faites "voir", par exemple, les états d'âme par des attitudes, des gestes, des paroles; c'est ce qu'on appelle la caractérisation indirecte.

 

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