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La langue française

Histoire

Quand un dialecte devient langue internationale.

 

D'après Actualquarto n° 521, mars 1995.

Pour en savoir davantage : Walter, 1988.

Ce texte fait l'objet d'un questionnaire pour tester l'aptitude à lire.

Dialecte parlé en Île de France, le français a mis neuf siècles pour s'imposer à l'ensemble de l'Hexagone. Aujourd'hui, il est parlé sur les cinq continents et est devenu une des langues officielles dans la plupart des organismes internationaux.

 

Il existe entre 3000 et 4000 langues et dialectes parlés dans le monde, qui se partagent en une douzaine de familles. Ainsi le français fait partie de la famille indo-européenne. De même origine que les langues germaniques et slaves ou encore le persan et l'hindi, il présente donc, avec ces langues, des points communs.

Une langue est un dialecte qui a conquis un domaine culturel et politique et s'est imposé comme langue officielle d'un ou de plusieurs pays. À l'opposé, un patois est la façon de parler (jamais d'écrire) un dialecte ou une langue à l'intérieur d'une petite communauté géographique.

Au commencement était le francien, un des dialectes du nord de la Gaule romane. Langue de Paris, langue du premier roi de France, Hugues Capet, en 987, le francien va s'imposer, au rythme des conquêtes territoriales et des échanges commerciaux, aux autres dialectes et donner naissance au français.

Les grandes dates

La langue française met plusieurs siècles pour se former. Les langues celtiques, gauloises, romaines et germaniques donnent finalement des dialectes répartis en deux groupes :

 

Une langue romane

D'où venait ce parler local de l'Île-de-France ? Avec les autres dialectes de la langue d'oïl et de la langue d'oc, au même titre que l'italien, l'espagnol, le portugais et le roumain, le français trouve son origine dans le latin. Au lendemain de la conquête de la Gaule par Jules César (51 av. J.C.), le latin se substitue peu à peu à la langue gauloise. A l'occasion des invasions germaniques, un nouveau mélange linguistique s'effectue. La langue qu'on se met à parler alors diverge du latin et garde trace des influences germaniques : c'est le roman ou ancien français. Mais le latin reste la langue des actes juridiques, de l'Université et de l'Église.

Une langue officielle

C'est au XVIe siècle que le français s'officialise. En 1539, François 1er promulgue l'ordonnance de Villers-Cotterêts qui substitue le français au latin dans tous les jugements et actes notariés. Étape décisive pour la langue écrite alors que moins d'un quart de la population maîtrise le français à la fin du XVIIIe siècle. Entre-temps, la langue s'est codifiée sous la conduite de Malherbe et de Vaugelas (XVIIe siècle) et l'Académie française l'a dotée d'une orthographe officielle (1694).

Déjà parlé en Angleterre au Moyen Âge, le français s'impose peu à peu comme la langue de la diplomatie et de l'aristocratie européenne. Les ambitions colonisatrices de la France vont le diffuser, dès le XVIIe siècle, du Canada au Laos.

En France, il faut attendre l'instauration de l'enseignement primaire obligatoire en 1880, pour voir le français supplanter la trentaine de parlers locaux ayant toujours cours dans le pays. Le coup fatal leur sera porté avec le développement des mass médias (radio, presse, télévision) qui joueront un rôle capital dans l'uniformisation de la langue.

Une langue métisse

Toute langue a, au cours de son histoire, emprunté des mots à sa voisine. C'est un des modes d'enrichissement mutuel même si certains voient aujourd'hui, dans la suprématie de l'anglais, une menace pour la langue française.

Les linguistes s'accordent sur ce point. Le français est une langue métisse. Sur quelque 20.000 mots usuels, quarante seulement sont gaulois, 10% sont germaniques, 60 à 70% latins ou grecs, le reste provient de diverses langues, notamment l'anglais.

"Il avait mangé de la choucroute, des tomates et un homard dans sa cabine. Au bazar, il avait acheté de l'alcool, du rhum et de la bière. Au cours d'une halte, il voulut faire la sieste près d'un bosquet. Mais des chenapans, des canailles espiègles débarquèrent, lui tirèrent la cravate, salirent son costume, dessinèrent des tatouages sur sa peau et l'abandonnèrent à son chagrin. Quel cauchemar ! En caleçon, il avait l'air burlesque. Mais providence, un cavalier passa par là et, cravachant sa monture confortable, l'emmena en villégiature."

Quoi de plus français que ce petit texte, pensez-vous. Méfiez-vous, plus de trois quarts des mots sont d'origine étrangère . solution

 

C'est au XVIe siècle que le lexique français tel que nous le connaissons actuellement prend forme au contact de cultures européennes. Au cours de la Renaissance, époque à laquelle nos ancêtres marquent un grand engouement pour tout ce qui vient d'Italie et de sa civilisation raffinée, la langue française acquiert une incroyable quantité de vocabulaire italien dans le domaine de la table (vermicelle), des vêtements (escarpin), de l'architecture (bicoque), des arts plastiques (esquisse) et de la musique (maestro). Au XVIIIe siècle, l'admiration pour le régime politique anglais va provoquer une véritable anglophilie. L'anglais nous fournit des mots dans le domaine de la politique (meeting), du sport (corner), des sciences et des techniques (engineering). Le mouvement s'amplifie encore aux XIXe et XXe siècles par l'expansion d'un progrès technique et scientifique dont l'origine est Outre-Manche et Outre-Atlantique. Parallèlement, les savants ont besoin de nouveaux mots pour désigner les phénomènes découverts. Quand ils ne les empruntent pas, ils créent de toutes pièces en se servant du latin (acupuncture) et du grec (thermique).

Entre-temps, l'on avait déjà emprunté beaucoup à l'allemand (bivouac) et au néerlandais (amarrer) dans le domaine de la guerre et de la marine, aux dialectes régionaux (provençal : auberge) ou encore à l'arabe (hasard). L'espagnol a donné de nombreux termes, entre autres pour les produits provenant d'Amérique (tabac).

Échanges linguistiques

Le souci d'originalité des jeunes fait parfois emprunter à d'autres langues des mots ou des expressions à la mode dans le domaine du spectacle, de la musique, des vêtements.

Les emprunts se font plutôt dans le domaine des mots (verbes, noms, adjectifs) que des phrases. Souvent, le mot étranger conserve sa forme écrite mais se prononce à la française avec l'accent tonique sur la dernière syllabe (macaroni, villa). Parfois, il change totalement d'orthographe (paquebot, de packetboat; bifteck, de beef-steak). Certains termes d'origine étrangère sont suffisamment bien intégrés au français pour donner des dérivés français (sprint, sprinter, sprinteur; crawl, crawleuse). On emprunte aussi par traduction littérale (gratte-ciel de skyscraper). Parfois même un mot français acquiert un sens nouveau sous l'influence de son équivalent étranger.

Une menace ?

S'il est vrai que tout emprunt contribue à un enrichissement de la langue par l'introduction de nouveaux concepts, il peut également être perçu comme une menace en raison du recours quasi exclusif à une langue. Ainsi en est-il de l'anglais. L'intrusion massive de mots à consonance anglo-saxonne dénaturerait notre langue, nuirait à son intégrité. Plus grave : l'utilisation de plus en plus fréquente de l'anglais dans les échanges commerciaux, les publications scientifiques ou les colloques constituerait un danger pour l'identité culturelle française.

Selon Alain Rey, le directeur des dictionnaires Le Robert: "il faut préserver la variété de sa langue. À trop suivre les modes, nous risquons de perdre toute une richesse d'expression. Défendre notre langue, c'est aussi défendre notre culture."

Le français dans le monde

Si le français est, avec l'anglais, la seule langue parlée sur les cinq continents, il n'occupe que la onzième position des langues les plus parlées dans le monde après le chinois, l'anglais, le hindi, l'espagnol, le russe, l'arabe, le bengali, le portugais, le malais et le japonais.

Le français est la langue vivante la plus enseignée après l'anglais.

En Europe on compte 61 059 000 francophones. En Afrique, 22 486 000 habitants parlent le français, langue officielle de vingt-deux États africains. 8 054 000 Américains, de même que 300 000 habitants de l'Océanie parlent français.

On ne parle pas tout à fait le même français au Québec, en Côte d'Ivoire, en Algérie, en Suisse ou en France... Le lexique et les intonations sont souvent différents mais les gens arrivent à se comprendre.

Voulez-vous vérifier vos connaissances au moyen d'un diaporama ?

 

 

solution de la devinette : allemand (chenapan, choucroute, cravacher, bière, halte); anglais (cabine, providence, rhum, tatouage, confortable); arabe (alcool); espagnol (débarquer, cigare, tomate, sieste); italien (canaille, cavalier, costume, villégiature, bosquet, caleçon, burlesque); persan (bazar); slave (cravate); turc (chagrin); scandinave (homard); néerlandais (espiègle, cauchemar).

 

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